Quand je serais grand·e, qu’est-ce que je serais ?

« Quand je serais grande, je serais… ? ». Je serais écrivain (oui à l’époque je disais écrivain et pas écrivaine, étrange). Je serais maquilleuse d’effets spéciaux sur les tournages (là, pourtant, je disais maquilleuse et pas maquilleur, pas si étrange ?). 

Je serais égyptologue

Je serais détective. Je serais coiffeuse de stars. Je serais journaliste. Je serais espionne. Je serais avocate

Je serais comédienne

Je serais metteur en scène (metteuse en scène, crotte de bique(tte)). Je serais guide touristique. Je serais…

Je me souviens de ces différents métiers que je pensais que je serais. Ferais ? Et ceci est une liste non-exhaustive. Je ne me souviens d’ailleurs sûrement pas de tous ceux qui ont dû me passer par la tête. Ou bien s’y installer, quelque temps. 

Je voulais « être » tous ces métiers. Mais jamais assez longtemps. J’ai comme l’impression que le fantasme de l’être me suffisait. Et puis, je passais à autre chose. 

Et peut-être même l’étais-je « vraiment » à mes yeux d’enfant ? Comme ces moments, où nous nous déguisons, où nous entrons dans la peau d’un personnage, où nous jouons parfois tous les personnages de l’histoire (des histoires ?) que nous nous racontons. 

Oui, c’est sûr, dans une autre vie, dans une autre histoire, j’ai été tous ces métiers. J’ai mené toutes ces vies. Car choisir un métier, c’est aussi choisir une vie, non ? 

Mais, quand on est enfant, qu’est-ce qu’on y connait aux métiers ? À la vie ? Au monde ? 

Pourtant, il paraît que, quand on est perdu·e, il faut se « re-connecter à l’enfant qui sommeille en nous ». 

Se re-connecter à l’enfant qui sommeille en nous ?

Je me souviens que, quand j’étais étudiante et que je ne savais (toujours !?) pas ce que je voulais être quand je serais « plus grande », on me demandait souvent « ce que je voulais “être” quand j’étais petite ». 

Au début, je ne comprenais pas trop l’intérêt de cette question. Et une question doit être intéressante pour être posée, paraît-il. Puis, je m’y suis habituée. J’ai même fini par aimer y réfléchir. Et c’était une question que j’adorais poser à mes ami·es. 

 Dis-moi, qu’est-ce que tu voulais être, enfant ? 

« Qu’est-ce que tu voulais être quand tu étais petit·e, toi ? » 
→ « – Ah ouais, ça ne m’étonne pas de toi »
→ « – Ah bah, t’as bien changé »
→ « – Ah ouais t’as toujours su ce que tu voulais faire, c’est fou ! »
→ « – Ah mais rien à voir avec ce que tu fais maintenant »
→ « – Ah je te verrais bien faire ça pourtant, tu n’as plus du tout envie ? »
→ «  – Ah mais ce n’est pas trop tard, tu sais »
→ «  – Si tu en rêves, qu’est ce qui te retient ? » 
→ « – Lance-toi, c’est un rêve de gosse seulement jusqu’à ce que tu en fasses un projet d’adulte »
→ «  – Ah, mais quand on est petit·e, on se cherche, on ne se connaît pas vraiment »

J’avais l’impression que cette question me permettait de mettre un pied dans l’enfance de mes ami·es. De partager leurs souvenirs non pas par le vécu, puisque nous ne nous connaissions pas forcément à cette époque, mais par les histoires qu’ils et elles m’en racontaient. Et, par effet miroir, de me replonger moi même dans le passé. Ou plutôt les souvenirs que j’en avais. 

J’avais l’impression de mieux les connaître en apprenant à connaitre leur enfance. L’enfant qu’ils et elles avaient été.  L’enfant qui sommeille encore sûrement là, quelque part. 

Plutôt logique, vous me direz, car plus on a d’informations plus on a (un sentiment) de connaissance(s). Oui et non. Car ce n’est pas seulement le fait d’en connaître davantage sur eux et elles qui me donnait cette impression de mieux les connaitre. C’était le fait de les connaitre « enfant ». Comme si ça allait me permettre de les connaître plus profondément. Cela vous fait vous aussi la même sensation ? 

Et, si j’ai l’impression de mieux connaître quelqu’un·e en apprenant à connaître (ce qu’il ou elle me raconte sur) son enfance, cela signifie que moi même en me replongeant dans mon enfance, en me (re)connectant à l’enfant que j’étais, je pourrais mieux me connaître, non ? Et donc mieux me comprendre ? 

Connaissons-nous enfant et nous nous connaîtrons nous-même ?

On entend souvent les « adultes » s’émerveiller devant un enfant. Devant sa spontanéité. Son innocence. Sa joie de vivre. D’apprendre. Sa liberté. Pourtant nous ne sommes jamais aussi peu « libres » que quand nous sommes enfants, non ? Comment un enfant pourrait-il être libre en étant si dépendant ? 

Et puis, paradoxalement, on entend souvent que grandir c’est avoir de plus en plus de responsabilités. De contraintes. De pression(s). C’est sortir de l’innocence pour entrer dans l’âge adulte. Dans le monde réel. Devoir s’y adapter. S’y conforter. Conformer. Jusqu’à s’y perdre ? Se perdre ?

C’est-à-dire perdre son âme d’enfant, qui serait la forme la plus « pure » de notre « moi » ? Celle qui est, tout simplement. Sans a priori, sans calcul(s), sans rationalité, sans (sur)analyse(s). Et donc en toute liberté ? 

Libre de pouvoir être et non de devoir paraître ? Être pour soi et non pas paraître aux autres ? Paraître ce que nous pensons que les autres attendent de nous ? Espèrent ? Valorisent ?

Vous avez déjà remarqué à quel point tous nos regards sont happés par un enfant ? Par son apparente capacité à être. Être dans le moment présent. Être pour soi. Être sans se poser mille et une questions. 

C’est peut être vrai à un très jeune âge. Et encore, je pense qu’un enfant s’adapte, et ce dès son plus jeune âge. L’être humain s’adapte. C’est d’ailleurs sa capacité d’adaptation qui a assuré sa survie, non ? Ne prônons-nous d’ailleurs pas de plus en plus cette fameuse « capacité d’adaptation » ? Sésame à l’emploi. Sésame à la vie. Survie.

Et pourtant, nous la condamnons également cette capacité d’adaptation. Moi la première. Car s’adapter à tout serait n’être rien ? Accepter que nous ne « sommes » rien. Que nous « sommes » tout. 

Que nous ne sommes pas constant·es. Que nous ne sommes pas figé·es. Que nous sommes modelé·es par nos environnements puisque contraint·es de nous y adapter. Nous y adapter pour y survivre. 

Et cette capacité d’adaptation est aussi rassurante que stressante.  Aussi réjouissante que terrifiante. Aussi grisante que déprimante

Alors nous avons besoin de croire. De croire que certaines choses sont intangibles. Ne changeront jamais. Nous sommes prêt·es à nous battre pour cela. Contre la nature changeante, la culture contrôlante. 

Et là où l’on est (où l’on naît ?) naturellement, on devient culturellement, non ? D’où notre envie (besoin ?) de retour aux sources. Notre nostalgie du passé, puisque passé et donc apparemment fixe. Notre difficulté à faire face à une version différente du passé, car alors tout s’écroulerait ? 

Et quoi de mieux que de se reconnecter à l’enfant que nous étions ? À l’enfant que nous pouvions être « naturellement », « spontanément » avant de le « perdre » (se perdre ?) en s’acculturant ? Alors, quand nous sommes perdu·es, nous avons besoin de repères. De stabilité. De retour en enfance. D’inchangé et d’inchangeable, dans notre esprit. 

Regard(s) d’hier sur aujourd’hui, regard(s) d’aujourd’hui sur hier ?

Lorsque je repense à ce que je voulais « être », enfant, quand je serais « grande », j’y repense avec mes yeux d’aujourd’hui. Je peux essayer de me replonger naïvement dans mes souvenirs mais je ne peux pas y porter un regard naïf. Je vais y réfléchir. Je vais traiter ce souvenir, stocké dans ma mémoire, incomplète (sélective ?) avec mon cerveau d’adulte. Avec mon regard présent. Mes biais, conscients et moins conscients. 

En grandissant, nous nous limitons ?

Lorsque je repense au métier d’écrivain·e, je repense à mon goût pour les histoires. En lire et en raconter. Au plaisir du choix des mots, de la musicalité de la langue, des émotions qu’elle procure. Je me dis qu’aujourd’hui encore j’aime tout cela. Dans ma famille tout le monde lit. Aime lire. Je me souviens qu’il y a toujours eu beaucoup de livres chez moi. Installés ou de passage. Que mes parents m’emmenaient à la bibliothèque chaque semaine pour emprunter des livres, je me souviens du calme et de l’odeur, je me souviens du coin lecture où j’adorais m’installer pour dévorer mes BD préférées. Une en particulier, Papyrus, sur l’Égypte ancienne. 

Un des métiers de mon enfance qu’on me rappelle (et dont je me rappelle ?) le plus souvent est d’ailleurs celui d’égyptologue. Moi même, je me souviens de ma phase « égyptienne ». J’étais passionnée par l’Égypte, je rêvais d’y aller. Mes parents m’achetaient des revues sur l’Égypte, vous savez le genre de revue avec de petits bibelots et dont le prix augmente chaque semaine. Je pouvais citer tous les dieux et les déesses de l’Égypte antique, j’avais appris à déchiffrer les hiéroglyphes, je connaissais mieux les rites funéraires de cette époque que ceux de la mienne, d’époque. Je me souviens qu’à chaque nouvelle découverte archéologique en Égypte, j’étais à la fois excitée et stressée car je me disais que le temps que je sois grande, il ne (me) resterait plus rien à y découvrir. C’est d’ailleurs ce que j’avais dit, un jour devant la télévision à ce sujet. Je m’en souviens. Ou je me souviens qu’on me l’a raconté ? Un jour avec une copine nous nous étions même maquillées en princesses égyptiennes. 

Il faut dire que le maquillage a longtemps été une autre de mes passions. Je voulais être maquilleuse professionnelle sur les plateaux de tournage de films. Et aussi coiffeuse de stars. J’adorais les déguisements. Me déguiser. À l’Université encore, je ne loupais jamais une soirée déguisée, et je mettais le paquet, comme on dit. Je trouvais cela génial de pouvoir être quelqu’un·e d’autre. D’incarner un personnage. Une époque. Un style. De mélanger les couleurs, les textures. De chercher l’accessoire parfait. D’imaginer, puis de réaliser. 

Tous ces métiers m’ont fait rêver. M’ont passionnée. Mais au moment de « choisir mon orientation », je ne les considérais déjà plus en tant que tels, de métiers. 

Être écrivaine, c’était bien beau de rêver mais il fallait être réaliste cela ne payait pas, à moins d’être une génie et puis même les génies n’ont parfois été reconnu·es qu’une fois mort·es, alors bon. 

Être égyptologue, c’est exaltant mais c’est assurément précaire, et puis c’est peut-être passer sa vie à chercher sans rien trouver et c’est un mode de vie solitaire, cela fait peut-être rêver au début, mais plus tellement après. 

Être maquilleuse professionnelle sur les plateaux de films, qui fait ça franchement ? Il faut avoir des contacts, le monde du cinéma et le monde artistique de manière générale est fermé et puis ce n’est pas très stimulant intellectuellement de peindre des visages à longueurs de journée. 

Quelle tristesse de s’être « limitée » comme cela, me diront certain·es. Me suis-je dis, parfois. Et puis, c’est facile d’opposer des « mais ». On peut le faire à chaque métier. À toute chose. À chaque instant de sa vie. Avec des « si », on refait le monde et avec des « mais » on ne (re)fait rien du tout, non ?

« Mais ». Mais, mes choix de métiers quand j’étais petite n’étaient-ils pas également limités ? Délimités ? 

Et les limites, enfant ?

Car quand on est petit·e, nous voyons le monde autour de nous, dans la limite de ce (ceux et celles?) que nous avons autour de nous, non ? Nous voyons ce que font nos parents, les ami·es de nos parents ou encore les parents de nos ami·es. Et puis je fais partie des générations qui ont grandi sans internet. 

Alors je voyais autour de moi et pas beaucoup plus loin. Alors, oui certain·es me parleront de la force de l’imaginaire. Mais l’imaginaire n’est pas déconnecté de tout. De nous. Et bien qu’encore enfant, je n’étais pas miraculeusement hermétique au monde. Spontanée. Naïve. 

J’aimais lire et j’ai pu lire autant dès le plus jeune âge car mes parents ont favorisé mon accès à la lecture, ont partagé avec moi ce goût et l’ont encouragé. Que l’école l’a également valorisé (même si je n’ai pas toujours, comme beaucoup, valorisé l’école). Et que la société de manière générale valorise la lecture. Et donc les personnes qui lisent.

Je me suis passionnée pour l’Égypte car on m’a, encore une fois, « donné accès » et lorsque j’y ai montré un intérêt on a continué de l’alimenter. Je vous disais d’ailleurs que, parfois, j’ai l’impression de ne pas tant me souvenir d’un passage de ma vie que de l’histoire qu’on m’a répétée et répétée et qui a finalement permis d’ancrer ce dit passage dans ma mémoire. Et je pense que le souvenir de moi, enfant, apprenant « seule » à déchiffrer des hiéroglyphes est plus valorisant et donc valorisé (valorisé et donc valorisant ?) que d’autres choses que j’ai bien pu faire enfant. Mémorisés ? Rémémorés ? 

J’adorais aussi me maquiller, me coiffer, me déguiser. Et j’étais une petite fille, donc quoi de plus « normal » ? Si j’avais été un petit garçon, à la même époque, je ne suis pas certaine que j’aurai (pu ?) développer cet intérêt. 

Ainsi, on se limite une fois adulte, sûrement. Mais enfant, les limites existent aussi.

Personnellement, j’ai d’ailleurs le sentiment d’avoir moins de limites aujourd’hui que lorsque j’étais enfant. J’ai l’impression que plus je grandis plus mon monde s’agrandit. Je me souviens de toute ces fois où je me suis dit « ah si j’avais su que cela existait », « si j’avais su que je pouvais faire ça ». 

Alors peut être, et même sûrement que l’on m’a posé (que je me suis posée ?) des limites en grandissant mais j’ai également des limites qui ont cessées d’en être. Des limites culturelles. Des limites familiales. Des limites sociales. Des limites morales. Des limites géographiques. Des limites financières. Des limites sexistes. Des limites technologiques. 

Des limites apprises. Des limites subies. Des limites choisies. Par d’autres. Mais aussi par moi. Même si moi sans les autres ne serait pas. 

Aujourd’hui je ne fais aucun des métiers que je m’imaginais faire « petite », une fois que je serais « grande ». Peut-être que cela changera, qui sait ? 

Jeu de regard(s), jeu de hasard(s) ?

Connaître le passé est une manière de s’en libérer puisque seule la vérité permet de donner assentiment ou refus en toute lucidité 

Raymond Aron, philosophe et sociologue 

Je pense que (re)plonger dans mon passé, dans ce que je voulais être « petite » quand je serais « grande », me permet effectivement de donner assentiment ou refus à ces souvenirs. À ces métiers. Un peu comme si, finalement, l’important n’est pas tant le regard sur l’intérêt porté à tel ou tel métier, enfant, que le traitement « adulte » que j’en fais. 

Un peu comme cette technique du pile ou face qui consiste, lorsque nous nous sentons incertain·es, à faire un choix « pile » et un choix « face » puis à lancer une pièce pour choisir. Finalement, en voyant le choix fait « pour nous » par le hasard, nous nous retrouvons bien souvent à le valider spontanément ou bien à nous dire que nous aurions préféré l’autre option et donc à avoir dans tous les cas une réponse à notre dilemme. 

Ainsi, je choisis aujourd’hui parmi ce que je voulais faire « enfant ». Et ce choix pourrait tout aussi bien différer demain. D’ailleurs, je pourrais très bien choisir quelque chose, ou plusieurs choses ou encore ne rien choisir.

Et ce n’est pas parce que nous pouvons le faire, que nous devons le faire, ou encore que nous arriverons à le faire mais cela est un sujet sur lequel je reviendrais probablement dans un prochain article. 

Et vous, vous rappelez-vous ce que « vous vouliez être quand vous seriez plus grand·e » ? L’êtes-vous « devenu·e » ? Pourquoi ? Pourquoi pas ? Avez-vous l’impression que vos « rêves d’enfant » étaient moins limités que vos « rêves d’adulte » ? Ou bien plus limités ? Ou un peu des deux ? 

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12 réflexions au sujet de “Quand je serais grand·e, qu’est-ce que je serais ?”

  1. Coucou
    En effet nos rêves d’enfants sont très souvent loin de la réalité. Cependant rêver fait du bien et espérer peut parfois aussi être bon. Il n’est pas toujours facile de vraiment pouvoir faire le métier de nos rêves et ceux qui y arrivent sont vraiment des chanceux !
    Des bisous
    Audrey
    https://pausecafeavecaudrey.fr

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    • Coucou Audrey,

      Oui, et parfois nos “rêves d’enfants” sont aussi loin de nos “rêves d’adultes”, finalement. C’est vrai que j’ai l’impression que les personnes qui font le métier de leurs rêves sont rares (en tout cas autour de moi).

      Personnellement, j’ai l’impression que je n’ai pas vraiment de “métier de mes rêves”, ce qui a parfois été difficile car j’étais indécise (et je le suis encore) mais en même temps je n’ai pas ce “poids” d’essayer de “décrocher” le métier de mes rêves à tout prix donc c’est peut être pas si mal. Et puis parfois je me demande si certains de mes rêves ne devraient pas finalement rester des rêves auxquels je pense de temps à autre pour le simple plaisir de la rêverie. Et puis même si on n’a pas (encore ?) le métier de ses rêves ou la vie de ses rêves on a sûrement des petites choses du quotidien ou des projets qui peuvent nous faire rêver, enfin je l’espère ?

      Dis, je suis curieuse toi tu dirais que tu fais le métier de tes rêves ? De tes rêves d’enfant ? Ou d’adulte ? Ou des deux ? Ou tu n’as pas non plus de “métier de rêve” en tête ?

      Répondre
    • Coucou ! Ton article m’a fait replonger en enfance ! J’ai trouvé ton analyse de ta propre enfance et de tes envies de métiers super intéressante, ce que j’ai trouvé qui ressortait beaucoup c’était ton envie de créativité, et au final j’ai le sentiment que ça ne t’a jamais quitté 😉 J’ai pensé aussi à ce que je voulais faire enfant, et comme toi j’ai eu plusieurs phases, de nombreuses autour de l’écriture et ça ne m’a pas quitté non plus, j’avais envie d’être chanteuse aussi mais je crois que c’est la première fois que je l’avoue à qqn, et en effet je suis toujours aussi passionnée par le chant… Je pense aussi qu’on est assez limité entre ce qu’on a envie de faire, ce qu’on peut faire, ce que socialement il est rationel de faire. Moi adulte j’ai choisi le côté rationel, j’ai abandonné mon rêve d’être écrivain ou journaliste pour me concentrée dans un secteur où j’étais sûre de trouver du travail, et dans lequel mes compétences avaient été validées… Mais l’ écriture ne m’a jamais lâchée 🙂 Ton sujet me parle aussi bcp car avec mes élèves, je me fais la reflexion qu’ils ont certainement aussi des rêves de métiers, qu’ils y mettent de l’espoir et ça me brise le cœur lorsque je me demande combien iront vraiment jusqu’au bout de leurs rêves…

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      • Coucou Olivia,

        Ah je suis flattée de lire que c’est la première fois que tu avoues ton rêve de chanteuse, maintenant que tu le dis je crois que moi aussi à un moment je voulais être chanteuse, tiens ?

        Oui c’est vrai que j’aime bien faire des activités créatives et ce qui est chouette c’est qu’on peut mettre de la créativité dans tous les métiers et dans toutes les activités de la vie de manière générale donc ça me va bien ?

        J’ai l’impression que le rêve d’écrivain·e fait partie des rêves de métiers les plus souvent abandonnés car bon, il faut bien être réaliste, ou comme tu dis “rationnel·le”. Mais finalement, comme tu le dis l’écriture ne t’a jamais lâchée et l’écrivain·e c’est la personne qui écrit non ? Alors je dirai que tu es écrivaine même si tu n’en as pas (encore ?) fait ton métier. Et il y a d’ailleurs certain·es écrivains qui ont un autre métier à côté.

        Je vois ce que tu veux dire avec tes élèves et ce qui me révolte d’ailleurs dans le système éducatif c’est qu’on est très tôt mis·e sur des “rails” : orientation vers telles options, telles filières et puis si tu n’as pas fait la bonne option ou la bonne filière c’est trop tard tu ne pourras jamais faire telles études ou tel métier et donc faire une croix sur ton “rêve” (même si j’ai l’impression que ça tend à changer ?). Après je me dis aussi qu’au final on peut, même si on ne fait pas le “métier de ses rêves”, faire des activités qui nous font rêver dans un autre métier qui comporte des activités similaires ou bien sur notre temps libre, activités qui deviendront peut être un jour notre métier ou pas, et d’ailleurs finalement parfois ça peut convenir à certain·es aussi de ne pas faire un “métier-passion” (je me demande si je n’en fais pas partie d’ailleurs car j’ai l’impression de ne pas avoir de “métier de rêve” en tête ? ?) Ahhh tu viens de me donner pleins de nouveaux questionnements ?

        Répondre
    • Coucou Brieg,

      Merci, que de compliments (et le meilleur de tous pour moi est de lire que tu as trouvé qu’il t’avait questionné bien sûr ?)

      Je vais te poser les mêmes questions de curieuse que je viens de poser à Audrey ? toi tu dirais que tu fais le métier que tu voulais faire petit ? Ou finalement tes goûts, tes horizons, tes envies t’ont conduit ailleurs ? Et est-ce que tu fais partie des chanceux·euses qui font le métier de leurs rêves ? Ou bien non ? Ou peut-être n’as tu pas, comme moi, de “métier de tes rêves” bien défini ?

      Répondre
  2. Coucou !

    Si je ne dis pas de bêtises, je n’ai jamais eu que trois réponses à cette question !

    J’ai d’abord commencé par vouloir être écrivain – je n’arrêtais pas d’écrire des histoires, jusqu’à tanner ma mère pour envoyer à des éditeurs un livre que j’avais écrit (c’était en CE1 ou CE2 je ne sais plus?).

    En arrivant au collège, je voulais faire du commerce international. Je ne crois pas que je savais ce que c’était, mais je voulais à tout prix parcourir le monde.

    Et puis quand je suis arrivé dans la vie active, je me suis rendu compte que je ne savais pas vraiment quoi faire, dans le sens où il m’était (et m’est toujours) strictement impossible de mettre une étiquette / de rentrer dans une case prédéfinie par le marché du travail.

    Le bilan est donc plutôt positif (j’en suis reconnaissant !) : depuis que j’ai commencé à bosser, j’ai toujours eu des métiers un peu en dehors des clous, j’ai fait du commerce international et je renoue petit à petit avec l’écriture. Peut-être est-ce la voie à suivre ? ?

    Dans tous les cas, je n’ai pas véritablement eu de “métier de mes rêves”, tout simplement car mes rêves vont bien au-delà de ces métiers, qu’ils sont des entités mouvantes au gré de mon développement personnel et qu’avoir un métier de mes rêves me donnerait l’impression de devoir les figer. De me figer en tant que personne, en tant que conscience.

    Je perçois donc mon travail (mes métiers) comme des “accompagnateurs” sur mon chemin, en dehors de toute considération alimentaire bien sûr.

    Brieg
    http://www.une-vie-intentionnelle.com

    Répondre
    • Re-coucou Brieg,

      Merci de t’être prêté au jeux des questions (et d’avoir assouvi ma curiosité), c’est super intéressant !

      J’imagine trop le “petit toi” qui demande à ta mère d’envoyer tes histoires à des maisons d’édition ?

      Whaou tu connaissais déjà le terme de “commerce international” au collège, c’est marrant c’est vrai ces métiers qu’on peut avoir envie de faire enfant tout en ne sachant pas vraiment ce que ça veut dire. Et peut-être pas que enfant d’ailleurs car j’ai l’impression qu’une fois diplômée quand j’ai commencé à bosser je me suis dit “ah en fait, c’est ça ?” ?

      Et pareil je n’ai jamais trop su quoi faire et je n’avais pas envie de “m’enfermer dans une case”, comme tu dis (et je pense qu’on est beaucoup à ressentir ça). Parfois, je me demande si je n’ai pas eu une vision trop “rêvée” du travail au sens où je me disais qu’il fallait que ça me plaise, que je fasse des études pour pouvoir faire un métier qui me plaise (et c’est un peu le discours de l’école, de la méritocratie républicaine..). Et aussi avec la pression sociale autour de ce qui serait “un bon boulot”. Alors qu’un travail c’est alimentaire par définition (après si je peux lier l’utile à l’agréable je dis pas non) et on n’est pas seulement un travail. On “n’est” même pas un travail d’ailleurs mais on fait un travail.

      C’est drôle car dans tes rêves d’enfant tu parles de deux choses : écrire et parcourir le monde (qui peuvent se réaliser par un métier mais pas que) et il me semble que tu fais les deux avec ton blog et ta manière d’appréhender ta vie comme un “voyage” (mais corrige-moi si je dis n’importe quoi). Et donc que tu ne fais pas de métier de tes rêves mais que tu chemines sur la vie de tes rêves (ou les rêves de ta vie ?) ?

      Sur ce dernier point, je rejoins ta vision, je pense qu’un métier constitue rarement un rêve car mes rêves vont également au delà (mais peut-être aussi car je n’ai pas de métier de mes rêves, pas de vocation ?). Si il y a quelq’un·e qui passe par là d’ailleurs et qui fait le métier de ses rêves / qui a une vocation j’aimerais beaucoup ton avis sur ces questions ?‍♀️

      Répondre
  3. Petite je voulais être styliste, je dessinais des collections, j’avais même un livre pour apprendre à dessiner les corps ect… j’adorais ca ! Puis un jour, par des amis de mes parents j’ai découvert une fille bien plus agée qui était styliste, quelle chance ! En fait non, il s’avérait qu’elle avait réussi car son père était producteur à TF1 ou je ne sais ou, et qu’il lui avait tout payé pour quelle puisse réussir. Alors, mes parents m’ont dit que eux ne pourraient surement pas en faire autant (le drame !) du coup ca m’a coupé, si même elle avec son père ne pouvait pas rentrer dans des grandes maisons c’est que personne ne pouvait y arriver. C’est trop bête comme reflexion car peut-être qu’elle n’était pas si bonne? ou qu’elle avait envie d’avoir sa marque plutôt que de travailler ailleurs? Quoi qu’il en soit ca m’a stoppé net ! Puis ensuite vers 14 ans j’ai voulu travailler dans le marketing, je ne savais pas du tout ce que ca voulait dire mais ca sonnait bien. Et puis j’avais l’impression qu’avec ce genre de métiers je pourrais voyager et ne pas rester en France, le rêve ! Enfin, j’ai voulu travailler dans l’édition, je me suis persuadée que c’était parce-que j’aimais bien lire. En fait non, c’est parce-que j’aimais les lettres, et qu’a la fac c’était le seule “débouché” possible sinon c’était prof.. Alors je me suis convaincue que c’était ce que voulais, mais après plusieurs années à effectuer la rentrée avec le même discours des profs (vous aurez pas de boulot, on forme des chômeurs) j’ai laissé tombé ce projet et finalement c’est un concours de circonstance qui fait qu’aujourd’hui je travaille dans le marketing. Au final, ce que je préfère c’est la partie créa, alors je me dis que finalement, je me connaissais pas si mal petite quand je rêvais de dessiner des vêtements 😉 Voila le roman !! C’était hyper interessant comme article, je me suis replongée dans plein de souvenirs, ca m’a questionné ! Merci Camille !

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    • Coucou Léa,

      Oh je ne savais pas que tu voulais être styliste tiens et en même temps ça ne m’étonne pas car tu as toujours été une des plus stylées de mes copines ?

      Ahlala comme je comprends que ça t’ait stoppé net, je pense que j’aurais eu la même réaction. Les métiers de la mode font partie des métiers qui semblent inatteignables, je trouve. Alors que, comme tu dis, tu ne sais pas pourquoi elle n’est pas entrée dans une grande maison mais tu en as déduit que si c’était comme ça pour elle tu n’avais aucune chance. Moi, je me souviens d’une réflexion qui m’avait stoppé net aussi (et ce n’était sûrement pas le seule je pense mais c’est celle qui m’a le plus marquée), c’est quand mon oncle m’avait dit que pour être comédienne de toute façon il fallait passer par le “canapé”. Je devais avoir 15 ou 16 ans et ça m’avait dégoutée et je n’avais pas cherché plus loin, je m’étais dit bon bah non merci alors.

      Ahlala les profs en sciences humaines ils ne sont pas motivant·es quand même, j’ai entendu exactement les mêmes discours que toi en histoire de l’art. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai “allongé” au possible mes études à l’univ’ je pense, car j’avais peur du vide. C’est marrant j’ai l’impression qu’au final on est beaucoup à se retrouver à faire des choses qui ne “correspondent” pas à nos diplômes, ce qui d’un côté est plutôt encourageant car ça veut dire que tout n’est pas forcément “perdu” si on n’a pas exactement le “bon diplôme”. Ceci dit j’imagine qu’en marketing le fait d’avoir étudié les lettres, d’aimer lire et d’avoir sûrement de très bonnes qualités rédactionnelles t’a aidé, en plus de ta créativité.

      Je suis contente que l’article t’ait replongé dans plein de souvenirs, et que tu en aies partagé une partie ici, dont certains que je ne connaissais même pas d’ailleurs ?

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  4. Sujet vaste et complexe, tu abordes pas mal de choses, parfois contradictoires.. Une sorte de “conclusion” que je trouve à tout ce que tu abordes, c’est qu’on ne choisis pas vraiment. Du moins, pas consciemment jusqu’à un certain âge. Comme je te l’avais déjà dit, ma mère qui m’avait dit que j’irai dans tel lycée puis ensuite à la fac… J’ai fait ça parce qu’elle avait choisis pour moi, et d’ailleurs, elle n’avait peut-être, elle-même, pas choisis, elle pensait juste que c’était comme ça qu’on devait faire… Elle avait intégré cette croyance.
    Quand j’ai commencé à travailler avec les enfants, c’était en me demandant justement ce que je voulais faire petite. Et j’avais toujours aimé m’occuper des plus petits que moi. Aujourd’hui, je doute de vouloir continuer et ça m’a fait peur de me dire : Comment ça ? C’était pourtant bien ça que je voulais faire petite, pourquoi je n’ai plus envie???
    Et bien peut-être parce que, encore une fois, oui j’avais évoqué ce bonheur de m’occuper d’enfants depuis bien longtemps, mais c’est quelque chose que mon entourage et encore ma mère avaient valorisé. Ma mère était éducatrice, elle était sûrement fière que je suive son chemin.. Alors on a en quelque sorte “validé” mon choix.
    Et puis en ce moment, depuis que je rêve d’écrire et d’en faire peut-être un métier un jour, je me rends compte qu’en fait, toute petite, je le faisais déjà. Sauf que ça n’a pas été valorisé, c’était juste un “loisir”, un “hobbie”, on n’y a pas accordé de l’importance, donc moi-même, qui ne choisissait pas, et qui me laissait influencé, je n’y ai pas cru. Et c’est encore très difficile pour moi d’y croire. Mais c’est justement un des avantages de l’âge adulte, on décide soi-même, pour soi, plus pour les autres, les grands, les parents, la famille, les proches. On a le choix, en tout cas, plus qu’avant. 🙂

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    • Coucou Justine,

      C’est intéressant de lire le cheminement de tes questionnements intérieurs ? Je trouve que tu résumes bien toutes les pensées qui nous passent par la tête et la difficulté de savoir ce que l’on fait “vraiment” pour soi. Pourquoi on aime / a envie de faire tel truc, pourquoi ensuite on change d’avis ou pas, pourquoi on y revient un jour, ou pas. Alala rien que d’y penser c’est le tourbillon. Et comme tu le dis on se fait influencer par d’autres personnes qui sont eux et elles mêmes influencé·es et notre environnement nous influence alors c’est pas facile de s’y (re)trouver. Je ressens la même chose que toi, j’ai l’impression que j’ai plus le choix qu’avant. Peut-être car mon monde s’est “agrandit” et que plus on peut voir “des choix” différents, des avis, des croyances, des opinions, plus on peut faire notre/nos choix ?

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