Ou, en d’autres termes, pourquoi travaillons-nous autant ? C’est une question que je me suis posée dès la rentrée dans la fameuse « vie active ».
C’est étrange car quand j’y réfléchis, je ne pense pas avoir « moins travaillé » quand j’étais étudiante et j’ai pourtant l’impression de « plus » travailler aujourd’hui. Le travail me pèse « plus ». Me pèse, tout court ?
Je me surprends à rêver d’une vie dans laquelle je travaillerais « moins ». Dans laquelle, mon travail n’occuperait pas toute ma journée, du lundi matin au vendredi soir. Dans laquelle j’aurais du temps pour moi. Du temps pour moi seule, du temps pour moi avec les autres. Du temps, tout court. Ou long, plutôt.
Parfois, j’ai envie de le crier sur tous les toits. « Je n’en peux plus d’autant travailler ! ». « J’ai envie de travailler moins ! ». Ce ne serait pas génial un monde dans lequel nous pourrions tous et toutes travailler moins ?
Dans lequel, nous ne courrions pas après le temps ? Dans lequel nous n’attendrions pas frénétiquement nos prochaines vacances ou nos prochains weekends ? Dans lequel nous pourrions passer du temps avec nos familles et nos ami·es, avec nos voisin·es, participer à la vie de notre quartier, nous engager dans une ou plusieurs associations, consacrer du temps à une ou plusieurs vieilles passions, en découvrir de nouvelles, prendre soin de nous et de ce, et ceux et celles, qui nous entourent, faire une sieste en pleine journée, se balader, rêvasser… Personnellement, si je travaillais moins, je ne serais pas en manque d’idées pour m’occuper, et vous ?
Pourtant, quand on parle de travailler moins, une des premières questions qui revient est la sempiternelle question de l’occupation : mais qu’allons-nous donc bien faire de tout ce temps nouvellement libre ? Les plus cyniques d’entre nous sont mêmes prompts à insinuer que c’est une folie, que les gens ainsi livrés à eux-mêmes sombreraient dans l’oisiveté, la paresse, l’alcoolisme ou que sais-je quel(s) autre(s) « vice(s) ». Ce qui est drôle d’ailleurs c’est que, quand on leur demande « et vous, vous sombreriez dans l’oisiveté, la paresse, l’alcoolisme ou que sais-je quel(s) autre(s) « vice(s) ? » », ils répondent, assurément, que « non pas moi, bien sûr, pas moi, enfin voyons, mais bon ce n’est pas le cas de tout le monde… ». Non, non, je ne sais pas.
Je ne comprends pas d’où ils tiennent cette croyance (peur ?). Pour le moment, il n’y a pas une personne à qui j’ai demandé ce qu’elle ferait si elle pouvait travailler moins qui m’ait répondu « me bourrer la gueule sur le canap’ en bouffant des chips, tous les jours sans rien faire d’autre ». De quoi avons nous si peur ?
N’est-il pas possible de travailler moins ? Ni même d’imaginer travailler moins ? Seule une partie de la population en serait-elle capable ? Travailler moins nous conduirait-il tous et toutes à notre perte ? Le fait de travailler moins ne pourrait-il pas au contraire nous permettre de travailler autrement ? D’ouvrir nos champs des possibles ?
Travailler moins, gagner plus ?
Less is more
Ludwig Mies van der Rohe, architecte
Le fameux adage « less is more », signifiant littéralement « moins est plus », est fréquemment clamé et repris dans diverses situations (slogans marketing ?). Pourtant, quand on en vient au temps de travail, personne ne semble plus rien vouloir entendre et beaucoup doutent que nous puissions travailler « plus » en travaillant « moins ».
D’ailleurs, il est communément admis que c’est en travaillant plus, que nous gagnerions plus et que le contraire n’est qu’au mieux, un doux rêve éveillé, au pire une ineptie. Enfin, réveillez-vous (bande de paresseux et de paresseuses).
Mais alors, « travailler moins » rime-t-il nécessairement avec « gagner moins » ? Pouvons-nous faire plus, ou a minima autant, avec moins ?
Travailler moins = gagner moins ?
Les socialistes proposent de travailler moins. Moi je propose de gagner plus
Nicolas Sarkozy, ancien Président de la République (France)
« Travailler plus pour gagner plus », cela sonnerait presque comme un slogan politique. Ou marketing. Langage marketing, langage politique, n’est-ce pas un peu la même chose de toute façon me répondront certain·es d’entre vous, mais ceci est un autre débat.
Travailler plus pour gagner plus. Gagner plus en travaillant plus. Gagner plus car travaillant plus. Et donc, gagnant moins car travaillant moins ? Rhétorique implacable qui expliquerait pourquoi les pauvres sont pauvres et les riches sont riches, selon certain·es. Mais si nous suivons ce raisonnement, comment expliquer qu’à temps de travail égal, les rémunérations diffèrent ? Le temps de certaines personnes serait-il plus important ? Plus « bankable » ? Plus précieux ? Et pourquoi ?
J’entends parfois (souvent ?) des personnes justifier leurs rémunérations du fait qu’elles « travaillent comme des folles », « ne comptent pas leurs heures ». Pourtant n’y a-t-il pas aussi des personnes qui « travaillent comme des folles », qui « ne comptent pas leurs heures » en gagnant un salaire de misère ? Et même en partant du principe qu’une personne au Smic, c’est-à-dire touchant 1230, 61 euros net (chiffre en vigueur en 2021 en France) fait un « vrai » 35 heures et qu’une personne « travaillant comme une folle » en fait disons 70, des heures, c’est-à-dire le double, comment expliquer que son salaire puisse atteindre des sommets ? D’ailleurs, l’intensité, la complexité, la difficulté d’un travail peut-il se calculer seulement en fonction du temps de travail ?
Et si nous avons envie ou besoin de « gagner plus », pouvons-nous toujours « travailler plus » ? Plus longtemps, plus vite, plus intensément ? Jusqu’où pouvons-nous « travailler plus » ? Les limites des un·es sont-elles les limites des autres ? Les limites sont-elles les mêmes pour tous les types de travail ? Les limites sont-elles les mêmes tout au long d’une vie, ce qu’importe les circonstances extérieures ?
Et que mettons-nous derrière le « travailler plus pour gagner plus » ? Gagner plus d’argent ? Et à part ça, que gagnons-nous, en plus ? Et ne perdons-nous pas également d’autres choses ?
Je me souviens que quand j’ai commencé à travailler, un de mes collègues qui adorait voyager m’avait dit « c’est con quand même, quand j’étais jeune j’avais du temps pour voyager et pas d’argent et maintenant j’ai de l’argent mais plus de temps ». L’argent et le temps n’iraient donc pas ensemble ? « On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre », comme dit le proverbe. Serions-nous donc condamné·es à avoir l’un sans l’autre, à choisir l’un et renoncer à l’autre ? Ne pouvons-nous pas sortir de cette dichotomie ?
Faire plus avec moins ?
Si pour gagner deux fois plus, il faut travailler deux fois plus, je ne vois pas le bénéfice
Raymond Castans, journaliste et écrivain
Qui n’a jamais procrastiné pendant des heures avant de donner un coup d’accélérateur en voyant la ligne (de temps) d’arrivée se rapprocher dangereusement ? Il paraît que plus nous avons le temps, plus nous prenons du temps.
Au moment où j’écris cette ligne, nous sommes le dimanche 4 juillet, 13h40. J’ai prévu de publier cet article mercredi prochain et comme j’ai un « vrai travail » à temps plein la semaine j’ai bien envie de finir cet article ce soir. Je dois rejoindre une amie (coucou Blandou) à 15h25 et alors qu’hier soir, j’avais toutes les difficultés du monde à aligner deux mots, voilà que mes doigts tapotent, sans se poser de questions (ironique pour un blog qui s’appelle travailenquestions, me direz-vous ?). Je suis concentrée et efficace, j’avance car je dois avancer. J’ai déjà écrit davantage de lignes en dix minutes qu’hier en deux heures (non, non je ne fais même pas la Marseillaise, que je ne suis pas).
Paradoxalement, au boulot comme dans la vie, je suis souvent frustrée par le temps, j’ai toujours l’impression de manquer de temps et j’aime prendre mon temps, pas trop me presser (trop m’oppresser ?), comme on dit. Alors je sais que je peux me mettre (accepter que l’on me mette ?) un petit coup d’accélérateur (de pression ?) de temps en temps, mais je ne pourrais pas « sprinter » sur une longue durée, je suis plutôt une marathonienne (dédicace à ma soeur Mél) qui garde de la réserve et peut tenir longtemps je crois. Alors si je dois sprinter trop longtemps et sans temps de récupération, je risque l’effondrement. D’ailleurs qui pourrait tenir un sprint marathoné (un marathon sprinté ?) ?
J’entends de plus en plus parler d’entreprises qui expérimentent la semaine de quatre jours en pariant sur un gain de bien-être des salarié·es et (surtout ?) de la productivité. En d’autres termes, en pariant que « less is more ». Qu’avec moins nous pouvons faire autant, et même plus. L’idée derrière cela n’est donc pas de « travailler moins », bien que cela soit souvent compris comme cela. Non, l’idée est de travailler / produire autant en moins de temps. Et donc de travailler moins d’heures mais de manière plus intense. D’accélérer. De sprinter. Pour avoir un plus long temps de récupération, un weekend de trois jours par exemple.
Au début, j’étais séduite par cette idée de semaine de quatre jours, j’imaginais déjà tout ce que je pourrais faire avec un weekend de trois jours, whaou le rêve, la liberté, le paradis. Je ne voyais que ce temps libre qui se dégageait. Je ne voyais pas ma charge de travail inchangée qui serait simplement condensée dans un espace-temps plus resserré. Alors, peut-être que ce rythme peut convenir à certaines personnes, les personnes qui aiment sprinter. Mais quid des personnes qui comme moi supportent mal l’intensité, aime prendre leur temps, le travail de longue haleine plutôt que le travail à couper le souffle ? Et est-ce possible et souhaitable pour tous les types de travail ?
Ceci dit, le « less is more » n’est-il pas l’idée de se délester du superflu, de se concentrer sur le principal ? Ainsi, pourrions-nous avoir des semaines de quatre jours où nous ne nous retrouvons pas à faire rentrer cinq jours dans quatre ? Pourrions-nous non pas « travailler moins » pour « gagner plus » mais « travailler moins » pour « travailler moins » ? Pour gagner non pas plus d’argent, de compétences, de reconnaissance, de pouvoir mais pour perdre moins de temps, pour générer moins de stress et moins de pollution, au sens propre comme figuré ?
Travailler moins, travailler autrement ?
En napolitain, le mot « travailler » n’existe pas. On dit « fatigare »
Roberto Rossellini, réalisateur italien
Si nous essayons de travailler « moins », non pas au sens de faire tenir une semaine de cinq jours en quatre mais au sens premier de « travailler moins », c’est-à-dire de faire moins, de produire moins, de vendre moins de produits, de vendre moins de notre temps, que ce soit à un·e employeur·euse ou un·e client·e, que pourrait-il bien (mal ?) se passer ? Comment le vivrions-nous ? À quoi pourrait ressembler le monde (du travail) ?
Les Napolitains inventeraient-ils un nouveau terme, un autre terme que « fatigare » pour parler du travail ? Pourrions-nous tracer un chemin alternatif à ce que le philosophe Byung-Chul Han appelle « la société de la fatigue » ? Pourrions-nous partager le temps de travail pour que plus personne ne soit laissé·e sur le carreau et traité·e d’assisté·e ? Pourrions-nous investir de notre temps ailleurs et dans quoi ? Pourrions-nous nous penser et penser les autres en dehors du seul prisme du travail ?
Moins de travail pour tous et toutes, plus de travail pour tous et toutes ?
« Le travail, c’est sacré, c’est bien, c’est beau, c’est ce qui compte avant tout, et seuls les travailleurs ont droit à tout ». Seulement, on s’arrange pour les faire travailler tout le temps et alors ils ne peuvent pas en profiter.
Boris Vian
Qui ne s’est jamais plaint·e de sa charge de travail ? Qui n’a jamais eu une impression d’un trop-plein ? De courir contre la montre ? D’être débordé·e ? Surchargé·e ? Épuisé·e ?
Qui n’a jamais rationalisé en se disant que c’était toujours mieux d’avoir trop de travail que pas de travail ? Qu’il y avait sûrement pire ailleurs ?
Qui ne s’est jamais accroché·e par peur de décrocher ? Comme s’il n’y avait qu’une alternative possible : (trop) bosser ou ne pas bosser. Tenir ou craquer. Être actif·ve ou inactif·ve. Être en poste ou à la retraite. Suivre le rythme cadencé (effréné ?) ou se retrouver à la marge.
Pourtant, ne pourrait-il pas exister des milliers de nuance ? N’y-a-t-il pas des milliers de nuances qui ne demanderaient qu’à pouvoir exister ? Pourquoi en arrêt maladie, les mi-temps thérapeutiques sont-ils si peu souvent acceptés voire même envisagés ? Pourquoi à la naissance d’un enfant, nous ne travaillons plus du tout jusqu’à temps de re-travailler entièrement sans guère d’autres alternatives ? Pourquoi partir à la retraite signifie s’arrêter du jour au lendemain passant encore une fois de l’état de (trop ?) travailler à celui de ne plus du tout travailler ? Pourquoi devons-nous être dans le monde du travail, « all-in » comme diraient nos ami·es outre-atlantique, ou « out » ? Pourquoi devoir choisir entre tout ou rien ? Se positionner (être positionné·é ?) d’un côté ou de l’autre ?
Ne serait-il pas plus profitable pour tous et toutes de construire des ponts entre ces deux côtés, ces deux « mondes » ? Que ceux et celles qui travaillent (trop), puissent se décharger en laissant de la place à ceux et celles qui sont privé·es de travail ? Que le travail soit mis en commun et partagé plutôt que d’être (parfois jalousement ?) gardé ?
Pourquoi est-il si difficile de déléguer, de partager le travail (« notre » travail ?) alors que pourtant nous en débordons, de travail ? Parce que nous avons peur d’avoir moins de travail et donc moins d’importance ? Moins de place ? Qu’on nous pique notre place ? Car après tout, si c’est tout ou rien, à partir du moment où nous ne ferions (serions ?) plus tout, nous ne ferions (serions ?) plus rien ?
Parfois, nous avons d’ailleurs l’impression que c’est cool d’être « débordé·e », de « courir partout », « d’être sous l’eau », « de ne pas compter « ses » heures » (pouvons-nous dire que des heures que nous vendons nous appartiennent ?). Comme si c’était une sorte de statut supérieur, de validation de notre bravoure, de notre dévouement, de notre force, de notre capacité à tenir le sprint du travail (le retour de la métaphore sportive, le travail serait-il un sport comme un autre ?). Pourtant, cela revient à manquer de temps, non ? Or, le temps n’est-il pas un bien précieux (notre bien le plus précieux ?) ? De quoi avons-nous peur ? Qu’un temps qui ne soit plus « employé » ne soit plus ? Que seul le travail puisse employer notre temps ?
Travailler moins : ouvrir d’autres espaces-temps d’existence ?
L’homme doit se libérer d’un excès de travail que le zèle ou l’urgence ont poussé à un tel point que l’individu n’a plus le temps de réfléchir sur lui-même et sur le sens de sa vie.
Sénèque, philosophe et dramaturge
Et si ce qui nous faisait le plus peur en travaillant moins était aussi ce qui pouvait potentiellement nous combler le plus ? Nous ne « comblons » pas en enlevant quelque chose par définition, me diront certain·es. Et pourquoi pas ?
À partir du moment où nous travaillerions moins, notre vie ne serait plus construite sur le travail, autour du travail. À la question, « tu fais quoi dans la vie ? » (encore largement sous-entendue « tu fais quoi comme travail ? », et comment pourrait-il en être autrement sachant que c’est au travail qu’on passe la plus grande partie de notre temps ?), nous pourrions répondre par nos autres occupations, qui ne seraient plus marginales, à la marge du travail, mais qui seraient des composantes de notre vie au même titre que le travail, devenu sommes toutes une occupation comme une autre, une occupation parmi les autres.
D’ailleurs, avez-vous déjà remarqué qu’à la retraite certaines personnes continuent de parler de ce qu’elles faisaient avant comme travail pour se présenter ou donner plus d’informations à leur sujet, et après tout quoi de plus compréhensible sachant que le travail a été au coeur de leur vie ? De plus en plus j’entends des personnes qui veulent exister toute entières dans leur travail, qui se revendiquent slasheur·euses, c’est-à-dire avec plusieurs casquettes professionnelles. Et ça se comprend, après tout qui ne s’est jamais senti·e trop étriqué·e dans son costume de travail ?
À cela, j’ai envie de proposer une autre voix, non pas celle de réussir à faire briller toutes les facettes de notre être dans un (multi)travail mais plutôt remettre le travail à ce qui me semblerait être une place intéressante à explorer : une facette parmi tant d’autres.
Aujourd’hui j’ai lu un article passionnant de la philosophe Fanny Lederlin intitulé « Ceux qui « préféreraient ne pas » travailler » sur la plateforme Travailler au Futur qui parlait notamment de « retrouver le travail comme « agir en commun » ». J’ai trouvé ça beau, ça m’a inspiré. Et puis je me suis demandée : ne pourrions-nous pas aussi reconnaître, valoriser et encourager l’« agir en commun » en dehors du travail ? Pour ne plus vivre en vase clos avec d’un côté ceux et celles qui seraient sur le marché du travail et de l’autre ceux et celles qui en seraient exclu·es, et en vase tout aussi clos au sein de ce même marché dans lequel tout est fait pour que nous ne nous rencontrions que très peu, voire jamais ?
Une fois n’est pas coutume, j’ai envie de finir avec un extrait d’un livre intitulé Paresse pour tous, écrit par Hadrien Klent. Merci à Elia et Caroline de m’avoir fait découvrir ce livre. Il y a des livres qui nous emportent et nous bouleversent, qui nous emplissent de joie et nous donnent envie de les partager au monde entier, celui-ci en fait partie.
Reprenons le temps. Libérons-nous. « Le travail est la meilleure des polices », disait Nietzsche. « Plus mes peuples travailleront, moins il y aura de vices », croyait Napoléon. Le travail est un contrôle, la société du travail est une société corsetée, empêchée de se déployer. Il faut prendre le temps de réfléchir, d’inventer, de créer – lorsque j’étais ambassadeur je n’écrivais presque plus, depuis que j’ai repris le contrôle sur mon temps je suis à nouveau poète entièrement. Trois heures de travail par jour, et le reste va nous nourrir, cette fois spirituellement. « L’âme adore nager », comme dirait Michaux. (…) Moi je suis poète. Mais vous, vous pouvez être potière. Vous, pianiste. Vous, peintre. Vous, promeneur. Vous, pâtissière. Il y a tant de choses à faire quand on a du temps disponible. Vous comprenez ? Je ne dis pas que nous sommes des artistes – mais nous sommes tous des êtres sensibles, pouvant faire quelque chose de notre sensibilité. Et pour qu’elle s’exprime, il faut la libérer des contraintes, des horaires de bureau, des privations aussi : il faut une société juste et dégagée. Il faut une société où l’oisiveté rend tout le monde actif. Mais actif dans le bon sens du terme. En actes. Pas actifs comme une catégorie économétrique. (…) Ce droit à la paresse, ce n’est pas le droit au rien. C’est au contraire : le droit à tout. À tout !
Hadrien Klent, Paresse pour tous, 2021
Et vous qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà expérimenté la semaine de quatre jours ou d’autres manières de réduire votre temps de travail ? Si oui, racontez-nous ! Si non, ça vous tenterait d’essayer ? Aimeriez-vous un monde dans lequel nous travaillerions moins ? Et « qu’est-ce que vous feriez dans la vie » si le travail n’était plus votre occupation centrale ?
N’hésitez pas à réagir en commentaire, c’est fait pour cela ! Et si vous avez Instagram, vous pouvez aussi venir discuter par ici !
Sources citées et aller plus loin
- Mes articles
- Ces entreprises qui misent sur la semaine de quatre jours, Challenges, 2021
- La société de la fatigue, de Byung-Chul Han 2010 (traduction française 2014), éditions Circé
- « Ceux qui « préféreraient ne pas » travailler », de Fanny Lederlin, Plateforme Travailler au Futur, 2021
- Paresse pour tous, d’Hadrien Klent, éditions le Tripode, 2021
- Collectif Travailler Moins, des personnes qui questionnent la place (trop ?) centrale du travail « contraint » dans nos vies et qui pose la question « sincèrement, continueriez–vous votre travail actuel si vous perceviez le même revenu sans condition d’activité ? »
- Thomas Tudoux, Pros du quotidien, un projet artistique passionnant qui pose la question : « souhaiteriez-vous ou non voir advenir une société du temps libéré ? »