« Mon burn out, je lui dis merci ». J’entends de plus en plus souvent ce type de phrase consistant à « remercier » son burn out. Ou à nous enjoindre de remercier le nôtre, de burn out.
Je ne sais pas combien de fois j’ai entendu des personnes souligner ce que mon burn out m’avait, soi-disant, « apporté ».
→ « Avec ton burn out, t’as de la chance, tu sais poser tes limites maintenant »
→ « Depuis ton burn out, tu vois la vie différemment, c’est sûr »
→ « Ton burn out t’a permis de prendre du recul, tu en ressors grandie »
→ « Tu en ressors plus forte »
→ « T’aurais sûrement jamais ouvert ton blog sans ton burn out »
→ « Ton burn out a alimenté tes réflexions, c’est clair »
Et même pendant mon burn out, on me tenait, déjà, ce genre de discours consistant à le « positiver » (« me » positiver ?). En valorisant « l’après », la fameuse « lumière au bout du tunnel ». Lumière qui ne se contenterait pas seulement de « revenir » mais qui « brillerait encore plus forte qu’avant ». Qui serait même « la » lumière, que nous attentions tous et toutes. « La » lumière qui donne un sens à sa vie. Qui nous transforme. Qui nous transcende. « La » lumière « divine ».
Il y a peu, un copain me racontait une anecdote sur un prêtre qui expliquait qu’il ne fallait pas s’inquiéter de la diminution du nombre de « croyant·es » et qu’il suffisait d’attendre une petite série de cancers (ou autres « malheurs » de la vie) pour que ce chiffre reparte à la hausse. C’est marrant, je ne me suis pas du tout identifiée à cette phrase, j’aurais même plutôt tendance à m’identifier au raisonnement opposé.
Ce qui explique peut-être que mon burn out ne m’ait pas du tout « (r)envoyée » vers la « lumière », que je n’ai jamais cherché à lui « donner un sens », à le « positiver », à le « remercier ».
J’ai essayé de le comprendre, certes. Et même de l’accepter. Mais lui dire « merci », pourquoi ? Pour certain·es le burn out (et pour d’autres le cancer, ou que sais-je), est finalement un « mal pour un bien », un « cadeau » de la vie, une opportunité de se « libérer », « de (re)venir à l’essentiel », de « (re)trouver un sens à sa vie », de se « transformer », et même de se « transcender ». Pourquoi cela ?
Pourquoi cette volonté (obsession ?) de tout positiver ? Y a-t-il toujours du « bon » dans le « mauvais » ? Doit-on obligatoirement ressortir d’une épreuve plus fort·e ? En ressortir, tout court ne suffit-il pas (plus ?) ?
Le burn out, un cadeau de la vie ?
Un « cadeau » désigne, d’après le Larousse, une « chose qu’on offre à quelqu’un pour lui faire plaisir, en particulier à l’occasion d’une fête ou d’un événement heureux ».
Au contraire, l’expression familière « c’est pas un cadeau » renvoie à l’idée d’une « chose déplaisante, d’une personne difficile à supporter ou qui ne convient pas » tandis que « ne pas faire de cadeau à quelqu’un » signifie « ne rien lui passer, ne pas le ménager ». Je ne sais pas vous, mais, moi, quand je pense à mon burn out, je pense davantage à ces deux expressions qu’au plaisir d’une chose offerte à l’occasion d’une fête ou d’un événement heureux.
Mais d’ailleurs, c’est quoi un « burn out » ? Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le « burn out », aussi connu en France sous le nom « d’épuisement professionnel », se caractérise par « un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail ». Il a été conceptualisé par le psychiatre et psychanalyste américain Herbert J. Freudenberger dans son ouvrage éponyme, Burn out [nda : traduit par « la brûlure intérieure » en français].
Epuisé·e, libéré·e ?
« C’est mon histoire : « Mon burn-out m’a libérée » » titre un célèbre magazine de la presse féminine (car l’information est genrée, c’est bien connu mais ceci est un autre débat), en août 2020.
L’article commence par un chapeau digne d’un « storytelling » à faire pleurer dans les chaumières mais avec un « happy ending » (car tout doit être bien qui finit bien, toujours, paraît-il ?). Je vous laisse admirer par vous même.
Professionnelle jusqu’au bout des ongles, passant sa vie au bureau, obsédée par l’idée de bien faire, Solange ne s’était jamais remise en question. Jusqu’à l’épuisement ultime qui va la révéler à elle-même.
« Ne s’était JAMAIS remise en question ». « L’épuisement « ULTIME » qui va la « RÉVÉLER » à elle-même », rien que ça, whaou. Où est-ce qu’il faut signer pour vivre cette expérience transcendante ?
Ce type de discours, que ce soit sur le burn out ou sur d’autres sujets, nous en retrouvons de plus en plus souvent, partout. C’est l’art du storytelling, à l’américaine. L’art de « romancer » son discours, son témoignage, sa vie à coups de pathos, de caricatures (le Bien, le Mal), de figures héroïques et anti-héroïques, d’épreuve(s) et de « chute heureuse », sans oublier la petite morale en fil conducteur.
Car personne ne veut (ne peut ?) écouter et/ou raconter une histoire douloureuse sans fin heureuse ? Personne ne veut (ne peut ?) accepter de « négatif » duquel on ne pourrait (voudrait ?) pas tirer du « positif » ? D’épreuves desquelles on ne sortirait pas, plus fort·es ?
Tout le monde veut être le héros ou l’héroïne de sa vie (de l’histoire de sa vie ?), et qu’est-ce qu’est la figure héroïque si ce n’est la personne mortelle qui va traverser toute une série d’épreuves, « s’éprouver », ce jusqu’au sacrifice. Sacrifice lui permettant d’accéder au statut héroïque, de demi-dieu et demi-déesse. On a d’ailleurs retrouvé toute cette rhétorique d’héroïsation pendant la crise de la Covid 2019, rhétorique imparable car « héroïser» des milliers de travailleurs et travailleuses permet de justifier, ou tout du moins de faire accepter, leurs conditions de travail déplorables (mortelles ?), puisque ce sont ces conditions qui conditionnent le statut « héroïque ».
« Il faut souffrir pour être belle », entend-on souvent. « Il faut souffrir pour être un·e bon·ne travailleur·euse », essaie-t-on de nous faire comprendre ? D’autant plus, si l’épuisement professionnel ne se révèle finalement être qu’un mal pour un bien ?
Un mal pour un bien ?
« Un mal pour un bien ». Que je déteste ce célèbre dicton. Cet adage devenu injonction.
C’était un mal pour un bien. Pour qui ? Qui le décide ? Qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut-il dire que ce que l’on avait ressenti, identifié comme faisant « mal », comme étant « mal » était en fait « bien » ? Que ce « mal » valait finalement le coup puisqu’il nous avait conduit au « bien » ? Que tout ce qui nous conduirait au « bien », nous ferait du « bien », vaudrait le coup qu’importe le mal par lequel nous passerions ? Que tous les chemins (épineux) mèneraient au paradis, en quelque sorte ?
Mais comment savoir ? Comment savoir si le fait se se sentir « bien » à un moment x de sa vie découle d’un « mauvais » moment y ? Aujourd’hui, au moment où j’écris ces lignes, je me sens bien. Est-ce parce que j’ai fait un burn out il y a un peu plus de deux ans maintenant ? Ou en dépit du fait que j’ai fait un burn out il y a un peu plus de deux ans maintenant ?
Je me souviens qu’au moment où j’ai finalement signé mes papiers de fin de contrat après plusieurs mois d’arrêt de travail, le RH de la structure m’avait dit que c’était « sûrement un mal pour un bien, Camille », que je n’étais « pas faite pour travailler ici », que j’allais « ressortir de cette expérience plus forte », et que je trouverai un « meilleur endroit pour moi ».
Je ne sais même pas par où commencer tant ce genre de discours me semble, au mieux problématique, au pire dangereux. Premièrement, il occulte totalement le fait que « travailler (quelque part) » n’est pas un choix mais une obligation (comment payons-nous nos factures, sinon ?), ce même si on nous rabat les oreilles à longueur de journée avec le fameux (tiens, encore un dicton que je ne supporte pas) « quand on veut on peut » (les millions de personne au chômage manque de volonté, c’est bien connu, n’est-ce pas ?). Deuxièmement, il préjuge que nous ressortons plus fort·es de ce qui nous éprouve (sinon à quoi ça servirait ? Car tout doit servir, au travail comme dans la vie ?) et même implicitement que nous DEVONS en ressortir plus fort·es, comme si c’était le seul schéma existant ou tout du moins le seul envisageable ou à propos. Et troisièmement, il se permet de juger, et même de minimiser voire de balayer d’un revers de la main (condescendant et bien pensant) le mal fait sous prétexte que ce serait « pour un bien ». Pour « mon bien ». Bon, et bien il ne me reste plus qu’à bien le(s) remercier de tout ce mal alors ?
Pourtant, on ne dirait pas à une personne qui s’est cassée la jambe que c’était finalement un mal pour un bien (car elle deviendrait une pro du cloche-pied ou rencontrerait son mec dans un ascenseur, elle qui, avant, ne prenait que l’escalier) ? On ne dirait pas à une personne qui a été agressée que c’était finalement un mal pour un bien (car suite à son expérience « judiciaire » elle commencerait des études de droit, ou déciderait de déménager et adorerait son nouveau lieu de vie) ? On ne dirait pas à une personne qui a été licenciée et qui s’est retrouvée à la rue que c’était finalement un mal pour un bien (car elle a ensuite écrit un livre sur cette « expérience » ou qu’elle est devenue minimaliste et fière de l’être) ? Quoi que, je me demande si certain·es gourou·es du développement personnel ne seraient pas capable de tenir ce genre de discours positivistes délirants et, pire, de les faire gober car, après tout, c’est important de positiver non ?
Le burn out, une (re)naissance ?
De là à parler du burn out comme d’une « renaissance », n’y aurait-il plus qu’un pas ? Même plus un pas, en fait ?
« Non, là, tu pousses le bouchon un peu trop loin Maurice (euh Camille) », me diront certain·es d’entre vous. Vraiment, vous pensez que j’exagère ? Essayez de lancer une petite recherche sur votre navigateur préféré contenant les mots-clés « burn out » et « renaissance ». Alors ça donne quoi ? Des pages et des pages parlant du burn out comme d’une renaissance. Certain·es utilisent même l’anglais (car c’est plus cool, ou pour la petite rime), pour parler de leur cheminement du « burn out » au « born out ». Oh. My. God.
Renaître de ses cendres ?
Après tout, l’ouvrage Burn out écrit par le psychiatre et psychanalyste américain Herbert J. Freudenberger a été traduit par « la brûlure intérieure » en français. Et le terme « burn out » signifie « se consumer », c’est-à-dire, littéralement, « être réduit·e en cendres ». Cela signifie-t-il donc que l’après burn out consisterait à « renaître de ses cendres » ?
Ai-je l’impression d’avoir vécu une renaissance après mon burn out ? D’être re-née ? Je ne sais pas. J’aurais bien envie de vous dire non, non et non. Déjà parce que je ne crois pas trop à toute cette histoire de renaissance. Ou tout du moins de Renaissance, au singulier et avec un grand R. Je ne crois pas qu’un jour on voit la lumière divine et qu’on change du tout au tout. Je crois que nous changeons, nous nous questionnons, nous doutons, nous apprenons, nous découvrons, nous vivons plusieurs vies, nous sommes multiples et incasables (inclassables). Mais pour moi ces changements ne sont pas des renaissances, et encore moins une Renaissance, c’est simplement la vie. Nos vies.
En revanche, ai-je eu le sentiment de re-vivre après mon burn out ? Oui, probablement. Tout simplement car, pendant, je ne vivais plus. Ce n’est pas une vie d’être tellement épuisée que l’on passe ses journées à dormir. Ce n’est pas une vie de ne plus être capable de travailler, ni même de voir ses ami·es. Ce n’est pas une vie de se sentir vidée. Ce n’est pas une vie de ne plus avoir de l’énergie pour rien. D’avoir l’impression que le moindre petit effort est une montagne à gravir. D’avoir l’impression qu’on n’est plus (pas ?) capable, de rien. Qu’on est une merde. De ne plus se faire confiance. D’avoir peur. De se sentir coupable et honteux·se. De ne pas savoir quand ça ira mieux. Quand, et même si, on retrouvera la forme, quand et si on redeviendra soi-même.
En cela, je peux comprendre et même me retrouver dans la métaphore des cendres. Mais le fait est, qu’à choisir, j’aurais préféré ne pas brûler, quitte à passer à côté de cette fameuse Renaissance que certain·es racontent (vantent ?) la bouche en coeur et les yeux plein d’étoiles. Des étoiles plein les yeux, j’en avais déjà, parfois. Et j’étais très bien comme cela.
Je n’ai jamais eu envie de re-naître. Juste de vivre. Et le burn out ce n’est pas vivre, c’est frôler la mort, frôler la brûlure mortelle, l’épuisement mortel. Et je n’avais pas besoin de « ça » pour savoir que je n’avais pas envie de mourir et que je n’avais qu’une vie. Je n’avais pas besoin de ça pour trouver un (le ?) sens de ma vie.
Trouver le sens de sa vie ?
De plus en plus de personnes prennent la parole pour raconter leur burn out, et ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre, bien au contraire. Si j’en avais entendu parler pendant mes études, dans mes premiers boulots, dans un magazine ou au détour d’un café j’aurais pu être mieux informée et peut-être l’éviter ou tout du moins savoir réagir, et vers qui me tourner plutôt que de me retrouver démunie et seule.
Ce qui me dérange c’est que, dans une grande majorité des histoires que je lis et que j’entends dernièrement (et de plus en plus ?), j’ai l’impression que les personnes racontent leur burn out en le « positivant », en valorisant ce que leur burn out leur a « apporté », en expliquant que c’était finalement « un mal pour un bien », un « cadeau de la vie », et même que cela leur a permis de « trouver le sens de leur vie », de « se reconvertir », de « changer de job (et de vie) ».
Et je trouve cela dangereux. En les lisant et en les écoutant on finit par avoir l’impression que si on n’a pas fait un burn out dans sa vie, on a raté sa vie, ou tout du moins on est passé·e à côté de quelque chose, d’une « expérience ». Sans compter qu’on met toujours en avant le fait que les personnes les plus « à risque » de faire un burn out seraient les personnes qui « bossent dur », qui sont « engagées », « qui donnent tout ». De là, cela voudrait-il dire que la personne qui ne fait pas de burn out n’est pas engagée, ne bosse pas dur ?
Personnellement je ne me reconnais pas du tout dans ces discours. Le but de ma vie n’a jamais été mon travail, je n’ai jamais eu d’idée précise de ce que je voulais faire de ma vie, je n’ai jamais été une bosseuse acharnée, et j’ai toujours privilégié ma vie « à côté de mon travail » (la « vraie vie » pour moi, quoi). Lorsque j’ai fait mon burn out, je ne voulais pas changer de travail, me reconvertir, ou trouver le sens de ma vie. Pas plus que pendant mon burn out ou après. Serais-je la fameuse exception à la règle ?
Je ne crois pas. Je pense que certaines personnes changent peut-être de boulot et de vie après leur burn out. Et qu’ils et elles se sentent globalement heureux·euses voire même peut-être « plus » heureux·euses qu’avant. Mais était-il nécessaire de passer par un burn out ? Ces personnes n’auraient-elles pas pu changer des choses dans leurs vies sans passer par un burn out ? Et comment savoir ce qui qui découle du burn out et ce qui découle des mille petits riens qui constituent nos vies de tous les jours, les modèlent, nous modèlent ?
On nous parle de plus en plus de l’importance de la « résilience », qui serait « la » qualité à développer et avoir de nos jours. Alors, oui on peut difficilement dire que la capacité à surmonter des chocs traumatiques est une mauvaise chose. Bien sûr que j’ai envie de surmonter les chocs qui pourraient me traumatiser, bien sûr que j’ai envie que les personnes qui m’entourent puissent également surmonter les épreuves et ne pas rester bloquées par un événement qu’elles revivraient désespérément en boucle. Mais parfois j’aimerais aussi que nous nous penchions moins sur le traitement des symptômes que sur les causes. Si notre société requière de nous, individu·es, d’être de plus en plus résilient·es, cela sous-entendrait-il que c’est parce que les chocs traumatiques sont de plus en plus nombreux, requérant ainsi toujours plus de résilience de notre part ?
Pourquoi, les cas de burn out se multiplient-ils ? Car tout le monde a envie de vivre cette « expérience » ? De « trouver un sens à sa vie » ?
Ou parce que nos travails sont de plus en plus épuisants dans une société accélérée qui ne tolère plus aucune pause ou ralentissement ? Une société dans laquelle on est poussé·e à plus, toujours plus. Une société dans laquelle lorsque nous n’avons plus de temps pour nous, on nous conseille de nous lever plus tôt pour une « miracle morning » (à quoi ça sert de dormir anyway, le monde appartient à ceux et celles qui se lèvent tôt, n’est-ce pas ?). Une société où nous devons être partout, tout le temps, hyperactif·ve, hyperconnecté·e, hyperdisponible (au travail, pour sa famille, ses amies, avoir des passions à côté, faire des choses, montrer qu’on fait des choses, plein de choses…). Une société qui valorise le fait de dire « je suis sous l’eau en ce moment », « je suis au bord du burn out », car ça signifie que nous « donnons tout », « que nous sommes des « machines de guerre », « que nous ne nous arrêtons jamais », « que nous avons une vie bien remplie », « une vie intense ». Une société où nous voulons que « le monde nous appartienne » (en nous levant tôt). Une société qui veut posséder, dominer, exploiter, épuiser toutes les ressources, y compris humaines. Une société qui n’accepte pas le temps, qui n’accepte pas l’arrêt.
Et un burn out, ça nous arrête, de force. Et c’est peut-être cela d’ailleurs le plus compliqué. Car une personne arrêtée dans une société accélérée, c’est comme une personne qui ne boit pas dans une société alcoolique, ça dérange. Ça n’a pas sa place. À part, peut-être, si elle maîtrise son « storytelling » et se concentre, non pas sur la dénonciation des causes (ce qui ferait d’elle une victime et/ou une emmerdeuse ?), mais sur l’happy ending, éclairé qui se veut éclairant, d’un burn out accouchant d’un born out que l’on finirait donc par remercier ?
Qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà fait un burn out ? Comment l’avez-vous vécu ? Que pensez-vous des discours positivistes autour du burn out ? Connaissez-vous quelqu’un·e qui a fait un burn out ? Comment y avez-vous réagi ? Avez-vous été informé·e et sensibilisé·e sur ces questions ?
N’hésitez pas à réagir en commentaire, c’est fait pour cela ! Et si vous avez Instagram, vous pouvez aussi suivre les actus et venir discuter par ici !
Lucie, du site TravailEcoute sur lequel j’ai publié mon premier témoignage suite à mon burn out a également pris la plume sur ce sujet qui lui tient à coeur, vous pouvez retrouver son article, ici.
Pour aller plus loin je vous conseille d’ailleurs aussi un de ses derniers articles sur la drogue au travail, sujet tabou dont on entend très peu parler. Vous pourrez également y retrouver un témoignage édifiant sur « la prise de drogue normalisée pour tenir le rythme ». WTF, vous vous dites ? Mais oui, vous avez bien lu, et d’ailleurs c’est plus fréquent qu’on l’imagine.
Camille, c’est un très très bel article… dont les mots résonnent aussi chez ceux qui n’ont pas (encore? Esperons que non) fait de burn-out. Il invite à réfléchir sur les causes structurelles et d’arrêter de penser seulement aux causes conjoncturelles et liées à la vie personnelle (crise economique, covid, divorce etc…). Merci pour ce partage intime, prends soin de toi!!!
Coucou Blandou,
Ça me fait plaisir de te lire ici et de lire que cela peut aussi intéresser et même résonner chez des personnes n’ayant pas vécu de burn out ! J’ai l’impression de voir de plus en plus de personnes fatiguées et conscient·es de leur fatigue autour de moi et j’espère que ça débouchera sur un ralentissement de nos modes de vie effrénés pour que l’on ne passe plus nos vies à courir après le temps mais à vivre, à temps.
Coucou ! C’était vraiment un très bel article J’ai eu très vite envie de dire dans mon commentaire qu’on avait l’impression d’en notre société qu’il fallait passer par le burn out, comme s’il s’agissait d’une expérience obligatoire pour se sentir complèt.e mais tu l’as justement abordé à la fin :p
Le discours du prêtre de ton ami m’a beaucoup choquée et je suis totalement d’accord avec toi sur le fait que moi aussi les expériences négatives auraient plutôt l’effet inverse que de consolider une éventuelle foi.
Ce qui m’énerve beaucoup dans tous ces discours très positifs sur le burn out, notamment dans les story stelling, c’est que les personnes oublient de préciser que pour en retirer la moindre « expérience » ou « leçon », il faut encore faire un travail de fond sur nous même pour comprendre pourquoi le burn out est arrivé, et ce qu’on doit faire pour ne plus revivre cette expérience douloureuse. Je pense que c’est aussi pour ça que beaucoup de gens fond des burn out à répétition. Le burn out c’est plutôt pour moi le symptôme de quelque chose qui ne va pas, et si on ne trouve pas la cause, on ne pourra jamais l’éviter. C’est un peu comme le feu (désolée pour la métaphore, mais tu m’as inspirée avec la traduction en français), mais si on s’approche du feu, on risque de se brûler et d’avoir mal. On aura des restes de la brûlure qui vont continuer de nous faire souffrir de l’intérieur pendant un certain moment, et peut-être même une cicatrice pour nous rappeler que le feu est dangereux. Mais si on oublie que le fait de s’être approché du feu, c’est ce qui nous a conduit à souffrir, on se rebrûlera inévitablement. Quoiqu’il en soit, pour moi, il n’y a aucune expérience positive à en tirer: si les gens changent leur manière de voir et de vivre les choses à la suite d’un burn out, je dirai que c’est plutôt par crainte de vivre une récidive de burn out.
Coucou Olivia,
Je te rejoins totalement, on occulte bien souvent tout le « travail » à faire sur soi (rien que le choix de mot est révélateur). Et qui est bien souvent à la charge exclusive de la personne en burn out. Alors certes, ce faisant on apprend des choses mais apprendre à une personne à fixer des limites dans un système sans limites (je caricature un peu mais je pense que tu vois ce que je veux dire), ça me semble un peu bancal et je trouve cela dommage que l’entourage professionnel ne participe que très rarement à ce « travail ». Par exemple dans la structure dans laquelle j’ai vécu un burn out et bien je n’étais pas la première, tout le monde le savait (en parlait parfois, en riait d’autres ou regardait ailleurs le plus souvent) et c’est terrible qu’à aucun moment une réflexion de fond n’ait été mené (ou même n’ait été ne serait-ce qu’amorcé) collectivement. A contrario j’ai une amie qui a reçu en entretien une personne qui a brièvement parlé du burn out qu’elle avait vécu dans son précédent job et cela a été considéré comme une « force » par mon amie et sa cheffe qui savaient que dans leur structure les horaires étaient trop souvent dépassés (contexte associatif avec des personnes passionnées) et qui se sont dit qu’elles pourraient apprendre de cette personne.
Ps : je suis contente que la traduction française t’ait inspirée, j’adore les métaphores et j’ai trouvé la tienne très juste 🙂
Hello,
Effectivement on peut avoir l’impression d’une renaissance après un burn-out mais il faut un peu bosser sur soi pour en prendre conscience je trouve. En tout cas j’adhère pas trop au concept de positiver le burn-out car ça reste un vrai problème de société, souvent occulté par les entreprises malheureusement – alors qu’elles ont un rôle à jouer là-dedans, clairement, enfin je trouve. C’est bien de positiver, certes, mais faut aussi reconnaître quand on est en souffrance et ça n’empêche pas, à mon sens en tout cas, d’en tirer des enseignements (positifs) pour l’avenir 🙂
Bref, merci pour cet article passionnant !
Des bisous !
Salut Serena,
Ça fait plaisir de te lire par ici, merci pour ton retour sur ces questions.
Je trouve aussi que les entreprises auraient un rôle à jouer et certaines le font peut-être, le problème c’est que bien souvent on réduit le burn out à un problème psychologique et individuel et on le soigne quasi-exclusivement par un suivi médical alors qu’on gagnerait beaucoup à en discuter à l’échelle d’une entreprise plutôt que d’exclure l’employé·e en souffrance de la vie de l’entreprise / exclure l’entreprise de la vie de l’employé·e, d’autant plus qu’un burn out arrive rarement seul dans une structure et que ça serait l’occasion de rééquilibrer pour éviter que ça finisse en « épidémie ».
Je pense comme toi qu’on peut tirer des enseignements, à titre collectif et individuel, et que tirer un enseignement est toujours « positif » (même si je ne suis pas une grande adepte du découpage positif / négatif qui ne fait pas trop sens pour moi) et que comme tu le dis c’est une question d’équilibre finalement (comme souvent), l’excès (de positivité) étant le problème bien plus que la positivité en elle-même.
Des bisous