Les robots vont-ils nous remplacer ? J’ai entendu cette question des milliers de fois. Et je dois avouer que pendant longtemps cette question ne m’a pas intéressée. Je ne la prenais pas au sérieux. À l’évocation de robots, je pensais science-fiction. Cela me paraissait à la fois lointain et peu réaliste, voire parfois totalement loufoque.
Et à vrai dire, cela ne me faisait pas peur. Les robots ne ressentent pas d’émotion. De là, comment pourraient-ils remplacer les êtres humains ? Au pire, ils pourraient les remplacer sur des tâches « mécaniques ». Et après tout, si cela permet d’effectuer certains « travaux pénibles », tant mieux, non ? Le robot exécute. L’être humain crée. D’ailleurs, c’est bien l’être humain qui a créé les robots, alors comment pourraient-ils lui échapper ?
En tapant dans la barre de recherche de mon navigateur internet, « les robots vont », les cinq premières phrases qui apparaissent, c’est-à-dire les plus recherchées sur ce moteur de recherche sont :
→ « les robots vont-ils nous remplacer ? »
→ « les robots vont-ils nous prendre les emplois ? »
→ « les robots vont-ils tuer les emplois ? »
→ « les robots vont-ils nous mettre au chômage ? »
→ « les robots vont-ils dominer le monde ? »
Bon, apparemment ces questions intéressent pas mal de monde finalement. Et à vrai dire, moi aussi. La question qui m’intéresse plus particulièrement, vous vous en douterez, est celle de l’emploi. Les robots vont-ils nous prendre les emplois ? Et même les robots vont-ils tuer les emplois ? « Tuer ». C’est un choix de mot intéressant. Et enfin les robots vont-ils nous mettre au chômage ? Car sans emploi, on se retrouve au chômage. Et il n’est pas bon d’être chômeur ou chômeuse, ce même s’il n’y a pas d’emploi pour tout le monde, n’est-ce pas ?
Les robots vont-ils nous prendre les emplois ?
L’idée que le progrès technique tue l’emploi est une idée bien ancrée. À cela, nombreux et nombreuses sont ceux et celles qui répondront sereinement qu’il ne faut pas s’inquiéter et que de nouveaux emplois seront créés, rééquilibrant ainsi la balance. Et puis, le progrès technique nous facilite aussi la vie, non ? On ne va pas cracher dessus. On ne va pas retourner vivre à l’âge de pierre. Il faut vivre avec son temps, non ?
L’informatique a révolutionné le monde du travail et notre vie de manière générale. C’est maintenant au tour de l’automatisation et de la robotique. L’automatisation signifie « la substitution d’une ou de plusieurs machines à l’homme pour réaliser de manière automatique un programme déterminé d’opérations ». Le terme de robotique quant à lui englobe « l’ensemble des techniques permettant la conception et la réalisation de machines automatiques ou de robots ». Le terme « robot » apparaît pour la première fois dans la pièce de théâtre R. U. R. (Rossum’s Universal Robots), écrite en 1920 par l’auteur Karel Čapek. Il a été créé à partir du mot tchèque « robota » qui signifie « travail, besogne, corvée ».
Avec l’automatisation et la robotique, l’objectif est donc de s’affranchir de l’intervention humaine. De nombreux emplois sont en cours d’automatisation ou ont déjà été automatisés. Les caisses automatiques se multiplient dans nos supermarchés et dans divers commerces mais aussi dans nos cinémas, nos gares, nos postes, etc. Sans parler du fait que de plus en plus de personnes achètent directement en ligne. Et bien souvent, les employé·es humain·es qui restent ne « servent » plus qu’à orienter les personnes vers les machines, et à éventuellement leur en expliquer le fonctionnement. Jusqu’au jour où nous serons tous et toutes habitué.es à utiliser ces machines, sans aide humaine.
Je me souviens de ce jour où je devais affranchir une lettre. Je me rends à la poste de mon quartier. Elle est vide et je me réjouis de ne pas avoir à faire la queue. Je me dirige vers le guichet où l’on me dit de passer par une machine. La personne n’ayant pas l’air occupé, je lui dis que je préfère passer par le guichet. Que c’est pour cela que j’ai d’ailleurs marché jusqu’à elle, sans m’arrêter à une des nombreuses machines ornant pourtant mon passage. Elle me répond sèchement que je dois aller à la machine, qu’elle ne peut rien faire pour moi. Cela m’agace mais j’obtempère et je me rends à une des machines. Elle ne fonctionne pas. J’essaye celle d’à côté, qui ne fonctionne pas non plus. Je retourne au guichet pour leur signaler le problème. Une des employé·es m’accompagne aux machines et confirme mon constat. Retour donc au guichet, ou comme qui dirait à la case départ. Elle me dit qu’exceptionnellement elle va affranchir ma lettre. Elle pouvait donc le faire. J’en étais sûre. Agacée par la situation, je lui en fais part. Et elle me répond : « Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, ce sont les ordres de la direction, on ne sert plus à rien ». C’est dur. Etre remplacé·e et donc se rendre compte qu’on est remplaçable. D’autant plus par une machine, non ?
Mais la créativité de l’être humain nous sauvera de ce triste sort. Les machines remplaceront le sale boulot, le travail pénible. Elles nous sauveront des tâches routinières qui nous ennuient et nous aliènent. Et alors, nous pourrons enfin exercer notre pleine créativité. Pourtant cette employée de la poste n’avait pas l’air d’être libérée. Alors, on peut se dire que c’est une phase de transition. Qu’ensuite elle fera d’autres activités qui ne peuvent pas (encore ?) être réalisées par une machine et qui seront sûrement plus épanouissantes pour elle de ce même fait. Mais cela sous-entend qu’il faudrait qu’elle puisse avoir l’opportunité de se former à de nouvelles activités ainsi qu’un soutien, notamment financier, le temps de cette formation.
Et remplacer des personnes par des machines ne serait-ce pas oublier que leur travail ne se limite pas seulement à un ensemble de tâches à réaliser mais qu’elles sont aussi bien souvent une présence humaine ? Aller à la poste ou au supermarché, ce n’est pas seulement affranchir une lettre ou faire des courses, c’est aussi un moment d’échange. On en profite pour papoter. C’est une activité sociale. Et parfois même une des seules activités sociales de la journée pour certaines personnes isolées. Et à côté de cela, La Poste propose maintenant des formules qui permettent de « veiller sur nos proches », incluant notamment des visites à domicile régulières, à partir de la modique somme de 19,90 euros par mois, pour la formule basique. Qui a dit que le lien social n’avait pas de prix ?
Après l’automatisation de tâches mécaniques, le développement de l’intelligence artificielle (IA) rend possible l’automatisation de tâches intellectuelles. L’IA, en développant des programmes informatiques complexes capables de simuler certains traits de l’intelligence, permet aux machines de raisonner et d’apprendre. Cela ouvre alors de nouveaux champs des possibles, qui étaient pourtant jugés impossibles il n’y a encore pas si longtemps. Ainsi, en 2004, Franck Lévy et Richard Murname, deux économistes de Harvard considéraient que la conduite ne ferait pas partie des activités impactées par les révolutions technologiques puisque conduire requière de s’adapter à des situations non prévues. Six ans après, les Google Cars sillonnaient les routes californiennes. Le marché du véhicule autonome semble aujourd’hui voué à se développer et est d’ailleurs estimé à plusieurs centaines de milliards de dollars d’ici 20 à 25 ans. Pas étonnant qu’Uber, Google et Facebook investissent massivement dans ce secteur, n’est-ce pas ? Et une fois que nos voitures, nos camions, nos bus, nos trains seront autonomes, qu’arrivera-t-il aux personnes qui étaient, jusqu’à là, employées pour les conduire ?
L’intelligence artificielle s’est déjà immiscée dans nos travails et nos vies. On demande à Siri d’ajouter un événement dans notre agenda ou de lancer une musique. Sur de nombreux sites internet, les conseillers et conseillères humain·es ont été remplacé·es par des chat-bots. Vous savez quand vous vous connectez à un site et qu’une fenêtre sous forme de chat [NDA : je ne parle pas du félin ici mais de la messagerie instantanée] s’ouvre automatiquement et vous demande si vous avez besoin d’aide. Bien souvent, il y a une photo et un prénom pour « humaniser » la conversation mais en réalité vous échangez avec un « chat bot », c’est-à-dire un robot logiciel capable de converser automatiquement avec une personne par le biais d’arborescences de choix ou par une capacité à traiter le langage naturel.
Dans le documentaire « Un monde sans travail ? », réalisé par Phillipe Borel en 2017, on peut voir un robot mener un entretien d’embauche ou encore une assistante virtuelle, Amélia, développée par IPsoft. Amélia utilise le « deep learning », c’est-à-dire qu’elle apprend via ses interactions avec les êtres humains. Elle est capable de percevoir les émotions et d’adapter son attitude et ses réponses en fonction. On peut voir un spot publicitaire vantant les mérites d’Amélia qui « reste toujours disponible, peut mener des milliers de conversations simultanément, rester aimable et professionnelle et ce à tout moment, de jour comme de nuit ». Une employée idéale, non ? D’autant plus qu’une fois achetée, pas besoin de la rémunérer, de lui fournir des tickets restaurants, de lui rembourser les transports, d’écouter ses revendications salariales. Elle ne tombera jamais malade, ne partira jamais en congés, ne fondera pas de famille, n’aura pas de « vie » à part celle de servir. Selon l’employé d’IPsoft nous vantant les nombreuses qualités d’Amélia et notamment son « respect des règles » et sa « conformité », nous serons un jour en train de parler à un système cognitif sans même nous en rendre compte. Vous y croyez ?
De là, comment un être humain pourrait-il faire le poids face aux performances et maintenant à l’intelligence d’une machine ? Combien d’emplois seront touchés ? On ne sait pas. Les chiffres oscillent entre 10 à 50% d’emplois remplacés par des machines d’ici moins de vingt ans. Et rappelez-vous Franck Lévy et Richard Murname, les deux économistes d’Harvard qui considéraient que la conduite ne serait pas du domaine de l’automatisable. Quels emplois seront les plus touchés ? Automatisé ne rime pas forcément avec peu qualifié. Certains travails, comme ceux de jardinier ou de plombier par exemple sont, grâce à la souplesse de leurs gestes et à leur facilité de déplacement, peu menacés par les robots. Alors que les comptables sont, quant à eux, jugés « très automatisables ».
Ceci dit, si l’on en croit Raja Chatila, ex-directeur de l’Institut des systèmes intelligents et de robotique (Isir), ce n’est qu’une question de temps avant que les robots ne soient capables de perfectionner leurs gestes. D’après lui, « le plombier humain se contorsionne pour atteindre les bons tuyaux et boulons, mais on peut repenser et standardiser l’organisation spatiale de nos installations pour que ces mouvements complexes ne soient plus nécessaires ». Et, pour illustrer son propos, il souligne que son lave-vaisselle emploie une méthode totalement différente de la sienne pour cependant arriver au même résultat, c’est-à-dire une vaisselle propre.
La « Robolution » nous conduira tous et toutes au chômage ?
La « Robolution », c’est-à-dire la révolution robotique, nous conduira-t-elle donc tous et toutes au chômage ? La révolution numérique a bouleversé le marché de l’emploi et le monde du travail. Andy Stern, ancien président du SEIU [nda : « Union internationale des employé·es du service » ] nous invite, dans son interview accordée à Philippe Borel dans le documentaire précédemment cité « Un monde sans travail ? », à regarder de plus près les quatre sociétés les plus importantes des Etats-Unis. Il nous rappelle que Facebook est le plus grand média mais ne produit pas de contenu, qu’Airbnb est la plus grande entreprise hôtelière mais ne possède aucune chambre, qu’Uber est la plus grande entreprise de transports mais ne possède aucun véhicule et qu’Alibaba et Amazon sont les plus gros détaillant et ne possèdent aucun magasin.
Les géants du capitalisme numérique, GAFAM en tête [ nda : « Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft »], ont déjà besoin de peu de ressources humaines puisqu’ils se nourrissent des données que nous générons tous et toutes. Et oui, quand c’est gratuit, ça veut dire que c’est nous le produit. Et toutes ces données, bien souvent « gratuites », viennent nourrir les machines. Avec l’intelligence artificielle, de plus en plus d’emplois seront assurés par des robots. Ce n’est qu’une question de temps. Et d’argent. Et l’argent n’est pas ce qui manque aux multinationales qui l’ont bien compris et qui investissent massivement dans ce secteur. Parfois, la machine viendra assister l’employé·e et lui dégager du temps. Alors, que déciderons-nous de faire de ce temps « dégagé » ? D’autres fois, une machine remplacera entièrement un·e employé·e, et, encore une fois, que déciderons-nous de faire dans ce cas là ?
Le numérique, l’automatisation, les machines, l’intelligence artificielle sont des outils. Ils ne sont ni bons ni mauvais. Les machines peuvent prendre le travail des êtres humains. Ce faisant, elles peuvent les libérer. Les sortir de travails routiniers, pénibles et aliénants. Effectuer les tâches les moins intéressantes et stimulantes. Leur dégager plus de temps. Mais elles peuvent aussi les mettre dans la précarité. Enfin, elles, les machines, non. Elles n’ont pas (encore ?) ce pouvoir. Mais les hommes et les femmes qui les possèdent, oui. Alors nous pourrions, par exemple, tous et toutes adopter la semaine de 20h et recourir à l’automatisation pour le reste. Mais nous pourrions tout aussi bien décider de licencier la moitié des personnes devenues « inutiles ». Ces personnes se retrouveraient alors sans emploi. Au chômage. Et elles, et leur famille, seraient plus ou moins bien protégées en fonction des pays dans lesquelles elles vivent. Elles essaieraient ensuite de retrouver un emploi. Un emploi qui n’existe plus puisqu’il est maintenant automatisé.
Le numérique supprime des emplois, c’est un fait. Mais il en crée d’autres. C’était peut être vrai hier mais cela sera a priori de moins en moins vrai demain. Et c’est problématique quand on sait que la principale réponse de nos politiques à cet enjeu sociétal demeure la formation au numérique. Alors oui, c’est important de s’y former puisqu’on vit dans un monde numérique. Mais apprendre à se servir des machines pour avoir un emploi ne suffira plus dès lors que les machines seront capables de faire ce dit emploi de manière autonome. Et un être humain ne peut pas concurrencer le rythme d’apprentissage d’une machine. Alors qu’est-ce qu’on fait ? On continue de prôner le plein-emploi ? De lutter contre le chômage ? De refuser de redistribuer les richesses ? Car un salaire et même une aide, ça se mérite, non ?
Je croyais pourtant que plus nous étions passionné·e par quelque chose plus nous allions « travailler dur », « se donner à fond ». Alors pourquoi cette peur de l’oisiveté ? Cette peur que les personnes sans emploi ne fassent rien ? Et est-ce réellement une peur ? Ou une jalousie car pour ceux et celles qui triment pour « gagner leur vie », il est inconcevable que d’autres ne triment pas ? D’où vient ce rapport douloureux au travail qu’il semble vital d’entretenir ? Pourquoi chercher à employer tout le monde, à tout prix, s’il n’y a pas de besoin de main d’oeuvre derrière ? Ne serait-il pas temps de faire le deuil de notre fantasme du plein emploi ? N’est-il pas plus important de protéger les individus que leurs emplois ? D’autant plus si des machines sont employées « gratuitement », non ?
Revoir notre vision de l’emploi et par corollaire du travail me semble être vital. Si on ne repense pas le système actuel, on risque d’aller vers un monde de plus en plus inégalitaire. Un monde dans lequel un faible pourcentage de la population jouira d’une très grande richesse engendrée par les machines. Les possédant·es, c’est-à-dire les détenteur·rices d’un capital (robot), ne posséderont plus seulement des biens mais également une force de travail. Cela vous rappelle l’esclavage ? Des possédant·es servi·es par des possédé·es ? Sauf que les possédé·es ici sont des robots. Des robots possédant donc une force de travail « inépuisable ». Et qu’adviendra-t-il du reste de la population, historiquement sans capital, et à présent également sans force de travail puisqu’ils et elles auront été remplacé·es par une force de travail contre laquelle ils et elles peuvent difficilement lutter ? Quel levier leur restera-t-il alors, d’autant plus qu’ils et elles n’auront plus la possibilité d’interrompre la production en faisant grève pour faire entendre leur(s) parole(s) ? Comme le dit Tiffany Blandin dans son ouvrage « Un monde sans travail ? », une économie automatisée rend « les travailleurs non seulement superflus, mais également impuissants ».
Alors quelles pourraient être les alternatives à ce scénario macabre ? D’après Guy Standing, économiste, ancien membre de l’Organisation International du Travail (OIT) et fondateur du réseau mondial pour un revenu de base, si on avait un revenu de base « on se détournerait de l’emploi au bénéficie de la solidarité, du bénévolat, du travail en commun, du développement de toutes nos capacités et à un sentiment de maîtrise de notre temps ». D’après lui, beaucoup critiquent le revenu de base car les gens « travailleraient moins », or avec l’automatisation il y a moins d’emplois donc ce serait plutôt une bonne chose. Tiffany Blandin, dans son ouvrage précédemment cité « Un monde sans travail ? », émet une réserve sur la mise en place d’un revenu de base. Selon elle, « le revenu de base inconditionnel semble être la piste la plus sérieuse pour parer dans un premier temps à la perte de revenus d’une partie importante de la population. Mais un tel revenu n’est pas forcément la réponse parfaite, dans la mesure où il pourrait créer une société très inégalitaire, avec d’un côté les actionnaires et travailleurs de la technologie, qui gagneraient très bien leur vie, et de l’autre, le reste de la population, à qui l’on verserait un minimum afin qu’ils puissent continuer de consommer et ne pas trop se révolter ».
Originellement, « Dieu bénit le septième jour et le consacre (…) le peuple chôme le septième jour ». Le terme « chômer » ne revêtait alors pas le caractère négatif qu’on lui attribuera par la suite. C’était un un jour béni. Alors, si les machines peuvent nous permettre de « chômer » davantage, pourquoi pas ? La fin de l’emploi signera-t-il la fin du travail ? Sans emploi, serons-nous tous et toutes désœuvré·es ? Lorsque nous quittons notre emploi après une journée ou une nuit de travail, nous arrêtons-nous d’oeuvrer pour autant ? Il me semble que la réponse à cette question est non. Alors de quoi avons-nous si peur ?
Le travail puis l’emploi, comme forme généralisée de travail, a toujours eu une fonction sociale. Si les machines sont employé·es à produire, l’être humain peut continuer d’oeuvrer. Mais pour cela, il est urgent de se rappeler que tout produit n’a pas forcément de valeur financière et monétaire. Les hommes et les femmes peuvent, comme l’explique le philosophe Bernard Stiegler, « produire de nouvelles formes de savoirs, d’activité chez les gens et plus seulement des activités de consommation et de production mais des activités sociales ». Il ajoute que pour cela, il faut « repenser tout le modèle de production industrielle pour en faire un système de partage du savoir et du coup des ressources (allocations universelle, redistribution des gains de l’automatisation) ».
Et vous, pensez-vous que les robots vont-nous remplacer ? Pensez-vous que votre travail, ou une partie de votre travail puisse être accompli par un robot dans les prochaines années à venir ? Que pensez-vous de l’instauration d’un revenu universel redistribuant les gains de l’automatisation ? Si vous n’aviez pas besoin d’un emploi pour subsister, que feriez-vous ?
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Sources citées et aller plus loin
Merci Camille pour cette réflexion et les nombreux regards (professionnels, documentaire) sur un sujet dont on entend beaucoup parlé mais dont on ne sait finalement pas grand chose.
Il est vrai que comme beaucoup de choses, les robots ne sont ni mauvais non bon en soi mais dépendent de l’utilisation qu’on en fait. Il y a des secteurs où la robotisation et l’automatisation ont permis d’énormes progrès, je pense notamment au secteur médical.
Mais tu as raison, trop souvent nos décideurs politiques, influencés certainement par l’idéologie capitaliste dominante, sont dans une position de laissez-faire. C’est ce présentisme qui me fait peur car il faut que ce développement soit encadré dès aujourd’hui pour éviter les dérives et d’arriver à une situation qu’on ne maitrise plus, c’est-à-dire une duopolisation du monde du travail, et même du monde, entre ceux qui possèdent les robots, et ceux qui n’ont plus rien, entre ceux très diplômés, une minorité, qui auront des compétences pour gérer les robots, et le reste, une majorité, qui ne pourra que subir.
Une fois de plus, il faudrait accepter aussi de prendre en compte une approche éthique pour fixer des frontières.
Reste aussi à réfléchir à un nouvelle manière de concevoir l’économie car je peux comprendre que dans le système actuel, dans un système basé sur la consommation et la croissance, certains aient peur du revenu universel.
Tiens, je ne me suis pas trop renseignée sur les réflexions menées en termes d’éthique sur les nouvelles technologies mais ton commentaire me donne envie de creuser cette question 🙂 Je partage ton point de vue sur l’importance de réfléchir à de nouvelles manières de concevoir l’économie, et de penser notre rapport au monde (du travail mais pas que) de manière générale.