La flexibilité est-elle la (compétence) clé ?

Compétences (douces) et (douce) flexibilité

J’entends de plus en plus parler des compétences « douces » (soft skills), aussi appelées « compétences comportementales » ou encore « compétences humaines » (car, sans ce qualificatif, les autres compétences ne seraient pas « humaines » ?).

Parmi elles, on retrouve souvent la « flexibilité », la capacité d’être (de se montrer ?) flexible. Parfois on parle également d’adaptabilité ce qui, à mon sens, ne renvoie pas exactement à la même notion.

D’ailleurs, que signifie précisément le qualificatif de « flexible » ? 

Un peu d’étymologie

FLEXIBLE, adjectif et substantif masculin

Qui peut être fléchi
[En parlant d’une chose concrète] Qui se plie aisément, qui ploie, se courbe sans casser
[En parlant d’une partie du corps susceptible de flexion] Qui est souple avec grâce

Au figuré. Qui est accessible à des influences diverses, capable de se modifier et de s’adapter

Synonyme : docile, maniable, influençable, malléable ; antonyme : inflexible

Source : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL)

Là ou réside, selon moi, la principale nuance entre flexibilité et adaptabilité est le rapport au corps matériel dans la notion de flexibilité. C’est d’ailleurs peut-être pour cela que le terme d’adaptabilité me fait moins tiquer. Quand j’entend le terme « flexible » j’imagine un corps qui se contorsionne dans tous les sens. J’imagine un corps déformé, sans forme, dépossédé, déraciné.

Être ou ne pas être flexible ?

J’ai l’impression qu’on nous demande, de plus en plus, de nous montrer flexible, souple. Que si l’on ne l’est pas ou pas assez on risque de se faire taxer de « rigide », voire de « psychorigide », ce qui, dans notre société (flexible), sonne apparemment comme la pire des insultes. Dès lors, ne serait-ce plus patte blanche qu’il faudrait montrer mais patte flexible ? 

Ces derniers mois, nous avons dû nous montrer particulièrement flexibles, à circonstances extraordinaires, mesures extraordinaires, paraît-il. J’ai, par exemple et comme beaucoup, dû travailler depuis mon domicile, sans toujours avoir le matériel ni l’espace adéquat.

Je suis, depuis peu, autorisée à travailler de nouveau dans les locaux de mon boulot quelques jours par semaine. Ou plutôt, je dois de nouveau travailler dans les locaux de mon boulot quelques jours par semaine, devrais-je dire. Et lorsque nous pourrons revenir à temps plein, je n’aurais pas d’autre choix que de revenir car je n’ai pas assez d’ancienneté pour avoir l’autorisation de travailler à distance. 

Pour ceux et celles qui ont l’habitude de me lire vous savez que ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre, je n’aime pas télétravailler. Ou tout du moins je n’aime pas télétravailler dans les conditions matérielles qui sont les miennes. Ceci dit, je me questionne sur l’asymétrie de la situation, peut-être mon petit côté (psycho)rigide adepte de symétrie ça.

Flexibilité pour tous et toutes, tous et toutes pour la flexibilité ?

Pourquoi la flexibilité est-elle tant vantée (requise ?) par les entreprises et pourtant si peu appliquée par elles ? 

Faites ce que je dis, pas ce que fais

Pourquoi, en tant que salariée, je dois être flexible et travailler depuis chez moi quand on me le dit, puis ne pas travailler depuis chez moi quand on me le dit ?

Certaines personnes à mon boulot, notamment celles habitant dans de petits espaces, sont allées télétravailler ailleurs, par exemple chez leurs parents. Ces personnes doivent à présent revenir chez elles et au bureau mais ce seulement une partie de la semaine ce qui signifie que, l’autre partie du temps, elles doivent travailler dans un petit espace et dans de mauvaises conditions. Où est la flexibilité dans tout cela ? Et au delà, où est le bon sens ? 

Vous me direz qu’il s’agit là de conditions extraordinaires et, même si j’ai tendance à penser que ça commence à être ordinairement ordinaire, je suis d’accord avec vous. L’entreprise et les personnes constituant l’entreprise ont dû s’adapter. Mais j’ai tout de même l’impression que l’adaptation s’est faite en entonnoir et que l’intensité de l’effort demandé n’a pas été la même pour tout le monde. 

Car au fond, n’est-ce pas cela la question qu’il faut se poser ? Parfois on vante la flexibilité d’une personne dans une situation, mais est-ce sa flexibilité ou bien une facilité à faire de telle manière à tel moment avec telle personne ? Une personne est-elle toujours, et en toutes circonstances, flexible ou bien plus ou moins en fonction de la situation ? Ne sommes nous pas tous et toutes, tantôt flexibles et tantôt inflexibles ? Et n’est-ce pas la possibilité d’être l’un ou l’autre qui permet l’équilibre ? 

De n’être ni entièrement perméable et modelable, ni totalement hermétique et immuable ? De reconnaître l’influence des autres sans s’oublier soi, de pouvoir se positionner tout en restant libre de pouvoir faire un pas de côté ? 

Je n’ai pas envie d’être flexible, je n’ai pas envie d’être inflexible

Je n’ai pas envie d’être flexible. Et encore moins au gré des bons vouloirs d’une tierce partie, que ce soit une entreprise ou une personne, d’autant plus si elle n’en montre aucune de flexibilité. Je n’ai pas envie de devenir un corps sans forme, une personne sans position. Tout comme je n’ai pas envie de travailler pour une entreprise sans forme ni position.

Mais ce n’est pas pour autant que j’ai envie d’être inflexible. De devoir rester figée, à ma place. De travailler pour une entreprise où rien ni personne ne bouge, ne peut bouger.

J’ai envie qu’on soit capable de fléchir l’une vers l’autre, et de ne pas fléchir ensemble. J’ai envie d’accepter que parfois l’une ou l’autre fléchisse tout autant que l’une ou l’autre ne fléchisse pas. 

Et vous qu’en pensez-vous ? Ressentez-vous une certaine injonction à être flexible au travail ? Trouvez-vous que votre employeur·euse se montre également flexible envers vous ?

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