Pourquoi voulons-nous nous sentir utiles ?

Je veux me sentir utile. Je ne sais pas combien de fois j’ai pu (me) répéter cette phrase. Combien de fois j’ai pu l’entendre de la bouche d’un·e ami·e. Ou encore dans les médias. 

Pendant le confinement [nda : la France, comme de nombreux pays dans le monde, a mis en place un confinement de plusieurs mois en 2020 suite à la propagation du COVID-19], on nous a martelé (on s’est martelé·e ?) qu’on voyait (enfin ?) quels étaient les métiers « utiles ». Les personnes qui étaient utiles. Les personnes utiles ? Et, par corollaire, celles qui ne l’étaient pas, utiles ? Qui étaient inutiles ?

« Je me sens inutile ». « Je ne peux rien (y) faire ». « Je fais rien ». « Je sers à rien ». Qui n’a jamais entendu ces mots ? Qui ne les a jamais prononcés ? Qui ne l’a jamais ressenti, ce sentiment d’inutilité ? 

Je me suis souvent sentie inutile, ces derniers temps. Je me suis sentie inutile pendant le confinement (comme beaucoup je crois ?). Je ne faisais pas un boulot « utile » (nécessaire ?) que tout le monde applaudissait massivement chaque soir à défaut de pouvoir y contribuer. Je ne faisais aucun boulot, tout court. Et s’il y a bien quelque chose de pire que d’avoir un boulot « qui ne sert à rien », c’est de ne pas avoir de boulot, tout court, non ? 

Alors j’ai essayé de gérer comme je le pouvais ce sentiment d’inutilité. Après tout, c’était un vieil ami qui me rendait souvent visite et il paraît qu’avec le temps nous nous habituons à tout, non ? 

J’ai même ressenti, par moments, des bouffées d’espoir. Espoir que nous réfléchissions à l’utilité de nos travails en sortant de la dichotomie « travail utile » / « travail inutile » qui rime bien trop souvent violemment avec « personne utile » / « personne inutile ». Que nous questionnions ce que nous mettons derrière l’utilité ou la non-utilité d’un travail, pourquoi et comment

Tout le monde semble s’accorder sur le fait que certains travails sont utiles tandis que d’autres non. Pourtant, qu’est-ce qu’un travail utile ? Qu’est-ce qui rend un travail utile ? Avons-nous tous et toutes la même définition de l’utilité d’un travail ? Un même travail peut-il provoquer un sentiment d’utilité chez l’un·e et pas chez l’autre ? L’utilité d’un travail est-elle absolue ? Constante ? Un travail inutile hier pourrait-il s’avérer utile demain, et vice versa ? Un même travail peut-il être à la fois utile sous certains aspects et inutile sous d’autres ? 

Boulots utiles vs boulots inutiles ?

Il existerait des boulots utiles versus des boulots inutiles. Ces derniers, les « inutiles », sont aussi communément appelés « bullshit jobs » (ou « jobs à la con » lorsque notre chère langue de Molière résiste aux anglicismes) depuis la parution, en 2013, de l’article devenu rapidement viral de l’anthropologue David Graeber pour le magazine Strike. Ce dernier transformera d’ailleurs l’essai en publiant un livre du même nom cinq ans plus tard. 

Alors quels sont ces jobs dits « à la con» et quels sont, a contrario ces jobs dits « utiles » ? Comment et pourquoi ?

Ces jobs dits « à la con » ?

D’après David Graeber on peut distinguer cinq grands types de « bullshit jobs » : 

Les « larbin·es » ou « faire-valoir » : jobs consistant à faire briller quelqu’un·e d’autre (ou son sol ?) tout en restant dans l’ombre, que ce soit de ses supérieur·es hiérarchiques ou de ses client·es
Les « porte-flingues » ou « sbires » : jobs à composante agressive créés car des concurrent·es emploient déjà quelqu’un·e à ce poste 
Les « rafistoleur·euses » ou « sparadraps » : jobs pour réparer temporairement ce qui pourrait pourtant être réparé de manière permanente, voire ce qui ne devrait même pas avoir lieu d’exister
Les « cocheurs de cases » : jobs visant à remplir des questionnaires et recueillir de l’information afin de prétendre traiter un problème ou se pencher sur un sujet qui finira aux oubliettes
Les « petit·es chef·fes » : jobs consistant à gérer (surveiller ? contrôler ?) des personnes qui pourraient pourtant être autonomes

Le point commun de tous ces « jobs à la con » c’est que nous pourrions, selon David Graeber et bien d’autres, totalement s’en passer car ils ne sont pas vraiment « utiles ». 

En 1930, l’économiste John Keynes estimait que nous pourrions environ un siècle plus tard nous contenter de travailler 15 heures par semaine. Nous sommes pourtant loin de ce compte aujourd’hui, ce qui s’expliquerait notamment par la multiplication des « jobs à la con » et des « tâches à la con » qui ne semble guère servir à autre chose qu’à nous « occuper », ce, il faut se l’avouer, bien souvent grassement. Les « bullshit jobs » ne sont d’ailleurs pas à confondre avec les « shit jobs », littéralement « jobs de merde » qui sont, eux, en général mal rémunérés et pénibles bien que souvent nécessaires. 

À ces jobs « à la con » nous opposons bien souvent les boulots qui seraient, eux, réellement « utiles ». Alors quels sont ces jobs dits « utiles » ? Comment et pourquoi ?

Ces jobs dits « utiles » ?

Quand on nous dit « job utiles » nous avons tous et toutes des images qui nous traversent l’esprit. Soignants et soignantes, pompiers et pompières, agriculteurs et agricultrices, enseignants et enseignantes, éboueurs et éboueuses sont, par exemple, des métiers qui reviennent souvent dans l’imaginaire collectif. Ce peut-être d’ailleurs encore plus chez les personnes qui ne les exercent pas, ces métiers.

Nous tendons à considérer « utile » un boulot qui participe à l’organisation de notre société et assure nos besoins fondamentaux, se nourrir et se soigner (être nourri·e et être soigné·e ?) en tête, comme nous l’aura rappelé la Covid-19. 

Mais nos besoins fondamentaux se limitent-ils à notre subsistance ? Qu’est-ce que nous considérons comme étant un besoin fondamental ? Ressentons-nous tous et toutes les mêmes besoins fondamentaux, aux mêmes degrés et aux mêmes moments ? 

Selon Manfred Max-Neef, économiste chilien et prix Nobel alternatif de la seconde moitié du XX° siècle, on peut dénombrer neufs besoins fondamentaux : subsistance, protection, affection, compréhension, participation, oisiveté, création, identité, liberté. 

Théorie des besoins humains fondamentaux · source Wikipédia

Selon lui, un besoin est un état interne et doit être distingué de l’objet extérieur par lequel nous le satisfaisons. Par exemple, la nourriture n’est pas un besoin mais un « combleur », c’est-à-dire un moyen de combler le besoin de subsistance. Il explique que les besoins ne sont ni illimités ni variables et qu’ils restent les mêmes dans toutes les sociétés et à toutes les périodes. Ce qui varie selon lui ne sont donc pas les besoins, qu’il ne hiérarchise d’ailleurs pas contrairement à Maslow et sa célèbre pyramide, mais les manières dont nous tentons de les combler. Ainsi, un métier permettant de répondre au besoin de compréhension ou à celui de loisirs répondrait à un besoin tout aussi fondamental que celui permettant de répondre au besoin de subsistance ? 

Mais un métier permettant d’assurer nos besoins, fondamentaux ou non, est-il, par définition utile ? Et un métier qui ne répondrait à aucun de nos besoins par définition inutile ? Ne confondons-nous pas bien souvent nécessaire et utile ? Le mot « utile » vient du latin « uti » signifiant « profitable, avantageux, qui sert à quelque chose ». En ce sens, tout peut être « utile » et rien n’est « utile » en soi, indépendamment d’un contexte ou d’un objectif donné. Cela signifie-t-il donc que n’importe quel métier pourrait être jugé utile ? Serait utile ?

Qu’est-ce qui est utile, selon toi ?

Je me souviens que, plus jeune, cela me révoltait d’entendre qu’il fallait faire telle ou telle filière pour faire tel ou tel boulot qui manquait de « main d’oeuvre », « dont on avait besoin ». Je ne savais pas trop ce que je voulais faire comme boulot à l’époque mais je voulais pouvoir le « choisir », ce boulot, en fonction de mes envies (besoins ?) à moi et non pas en fonction des besoins (envies ?) des autres. Je m’en fichais d’être « utile ». « Utile » était d’ailleurs un qualificatif qui, pour moi, ressemblait bien trop dangereusement à « utilisée ». Et qui voudrait être utilisé·e ? 

En grandissant, et encore plus maintenant que je suis entrée dans « la vie active », je ressens le besoin (l’envie ?) de me sentir utile, d’être utile. Pourtant je ressens toujours la même révolte à l’idée que nous sommes encouragé·es (poussé·es ?) à suivre certaines filières pour faire certains boulots et ce dès le plus jeune âge. C’est un peu paradoxal, me diront certain·es. C’est vraiment bizarre, me suis-je souvent dit. 

Et puis, en réfléchissant, j’ai compris que la question ne se résumait pas à vouloir / ne pas vouloir être utile et que nous pouvions très bien avoir envie d’être utile sans, pour autant, vouloir faire des choses jugées (décidées ?) utiles par d’autres si nous n’y voyions pas, nous, l’utilité. Mais alors, l’utilité est-elle une question de choix personnel(s) ? Ne peut-elle être définie qu’individuellement ? 

Définir sa vision de l’utilité ?

On entend souvent que l’utilité serait un concept « subjectif » que chacun·e se devrait d’explorer pour définir « sa » vision de l’utilité. « Sa » Vision ? Alors qu’est-ce qui est utile, selon vous ? Selon moi ? 

Je me souviens d’une discussion avec mon ancienne boss sur mon projet de blog et notamment du moment où je lui avais parlé des différentes catégories que j’avais en tête. En lui parlant de celle sur les « Travails [in]utiles », elle avait tiqué sur la description que je lui en avais faite. J’associais ce questionnement sur les notions de travail utile / travail inutile à la quête de sens au travail alors que selon elle l’utilité et le sens étaient deux questions bien distinctes. Peut-être car elle bosse dans le cinéma qui, pour beaucoup, n’entre probablement pas dans la catégorie des métiers « utiles » alors que pour elle cela fait sens, tellement sens, passionnément sens, le cinéma. Je pense d’ailleurs, il faudrait que j’en rediscute avec elle, qu’elle fait partie des personnes qui considèrent que l’art n’est pas utile, n’a pas à être utile. 

J’avoue ne pas vraiment savoir où me positionner sur cette question de l’utilité de l’art qui fait souvent débat. Ce que je crois c’est que si l’art ne doit pas nécessairement avoir une utilité il est, pour moi, utile. L’art m’a permis, pendant mes études de plonger dans des pans de l’histoire, de découvrir des cultures, de questionner des traditions et des sociétés. Il me questionne et m’informe bien souvent, il m’émeut également et me fait sentir moins seule parfois. Et je crois que, ce faisant, il répond à de nombreux besoins fondamentaux constituant la théorie de Manfred Max-Neef. Les métiers de l’art font sens pour moi ET sont utiles. Sont (encore plus ?) utiles parce qu’ils font sens, pour moi ? 

Quel sens donnons-nous à l’utilité ? Comment définit-on l’utilité ? L’utilité d’un métier ? On entend souvent qu’un « métier utile est un métier qui permet de contribuer à un projet qui a du sens, en accord avec ses valeurs, dans lequel notre implication personnelle aura un impact mesurable et reconnu par nos collègues et notre hiérarchie ». Que pour « répondre à notre besoin de nous sentir utile il faut explorer le “sens” de cette expression pour nous ». Mais pouvons-nous (devons-nous ?) réellement « mesurer » notre utilité ? Pouvons-nous nous sentir inutiles alors qu’autour de nous tout le monde nous considère utile et vice versa ? L’utilité peut-elle se définir (décider ?) individuellement, unilatéralement ? 

Confronter nos visions de l’utilité ? 

L’utilité a, comme tous les grands concepts (y aurait-il des petits concepts ?), une dimension subjective, d’où l’intérêt, à mon sens, d’en discuter collectivement. D’autant plus, si nous ne voulons pas finir par tomber dans le piège de ce que le philosophe et sociologue Herbert Marcuse appelle concept opérationnel, vous savez ce concept, dont je vous ai déjà parlé, qui est creux puisque non défini et qui a l’avantage de mettre tout le monde d’accord puisqu’il veut tout et ne rien dire. 

Nous pouvons observer, comme énoncé plus haut, qu’un imaginaire collectif existe déjà lorsqu’on parle de « métiers utiles ». Tant et si bien que nous pourrions croire que c’est une évidence. Qu’il en a toujours et partout été ainsi et qu’il en sera toujours et partout ainsi. Vraiment ? 

Pourtant,
à quoi servirait un·e soignant·e dans une société qui considérerait que seul Dieu soigne, ou que tout est question de karma et arrive pour une raison ?
à quoi servirait un·e enseignant·e dans une société qui considère que l’éducation est une affaire de famille ou n’est pas utile, voire condamnable ?
à quoi servirait un·e astronaute dans une société qui ne connait pas l’espace ou qui ne voit pas l’intérêt de quitter son sol ?
à quoi servirait un·e chef·fe cuisinier·e dans une société qui pense que cuisiner se fait en privé ou ne se marchande pas ?
à quoi servirait un·e boucher·ère dans une société qui ne mange pas les animaux ou dans laquelle chaque famille s’occuperait soi même de cultiver sa nourriture ?
à quoi servirait un·e postier·ère dans un monde où les courriers s’échangent et se stockent via le cloud ou qui est régie par la parole et non l’écrit ? 

L’utilité n’est, somme toute, pas seulement subjective mais aussi et surtout relative. Dès lors, si nous considèrons que notre objectif est de pouvoir payer nos factures ou de s’offrir une rolex avant 50 ans, un métier qui nous le permettrait serait, par définition, utile. C’est-à-dire qu’il remplirait son utilité. Une utilité. Tout comme construire un matériau pas trop résistant dans le but de multiplier ses ventes (coucou l’obsolescence programmée) peut être considéré « utile » pour certain·es. Servir à certain·es. 

Et donc pas à tout le monde ? Mais pour être utile un métier doit-il servir (rapporter à ?) tout le monde ? Au plus grand nombre ? À certain(s) groupe(s) de personnes sur certain(s) critère(s) ? À quelle(s) échelle(s) ? Avoir une « utilité sociale » pour utiliser le jargon de l’Économie Sociale et Solidaire ? Mais comment se définit cette « utilité sociale ». Sur la base d’un vote où la majorité l’emporterait, comme à une élection présidentielle ? Ou sur la base de la représentativité ? Ou encore sur la base de l’expertise qu’aurait certain·es plus que d’autres ? Ou de l’expérience ou encore de l’âge ? 

Et si une telle « utilité sociale » était définie, ressentirions-nous tous et toutes un sentiment d’utilité à la servir ? Ce sentiment pourrait-il être constant ? Devrait-il être constant ? À vouloir toujours se sentir utile, c’est-à-dire « servir à », ne risquons-nous pas de nous aliéner ? De nous perdre en nous traitant comme un moyen et non plus comme une fin ?

Épilogue

Quand ma mère m’a demandé quel était le thème de mon prochain article et que je lui ai dit que c’était sur le sentiment d’utilité (et que ça me retournait bien la tête) elle m’a répondu en riant « viens mettre la table, tu seras utile comme ça ». Et je crois bien qu’au fond elle est aussi simple que cela ma définition du sentiment d’utilité. Fugace et insaisissable, comme un éclat de rire.

Et vous qu’en pensez-vous ? Ressentez-vous cette envie (ce besoin ?) d’être utile ? Ou cette peur d’être inutile ? Considérez-vous qu’un boulot devrait être utile ? Et si oui, qu’est-ce qu’un boulot utile pour vous ?

N’hésitez pas à réagir en commentaire, c’est fait pour cela ! Et si vous avez Instagram, vous pouvez aussi suivre les actus et venir discuter aussi par ici !

Sources citées et aller plus loin


↓ Vous avez trouvé cet article intéressant ? Partagez-le !

4 réflexions au sujet de “Pourquoi voulons-nous nous sentir utiles ?”

  1. Je crois que nous vivons dans une société qui confond l’être et le faire, avant tout. Ainsi, plus on fait, plus on se sent utile. Plus on se sent utile, plus on croit avoir de la valeur et être aimé aussi. Je crois qu’on confond beaucoup de choses et que rares sont les personnes comme toi et moi qui se questionnent et tentent de tout déconstruire. Quand on démêle un peu tout ce bazar, on pourrait se dire qu’on est devenu fous… Enfin moi, c’est ce que je me dis souvent en ce moment, que c’est n’importe quoi, que rien n’a de sens. Mais je sais aussi qu’il ne faut pas chercher un sens à tout et parfois laisser les choses comme elles sont, puisque tout arrive pour une bonne raison…
    Mais une chose est sûre, j’aime me sentir utile, bien sûr, mais je ne considère pas que ça passe forcément par le faire. Je fais des choses utiles pour moi, et puis je me sens utile à travers des émotions, souvent. A travers un regard, un geste de quelqu’un, lorsque je me sens bien, que je réussis à vivre le moment présent, je sais que j’ai fais les bons choix, je me sens à ma place… Lorsque je grandis, j’évolue et que j’apprends, surtout, alors là, j’ai tout réussi. 🙂

    Répondre
    • Coucou Justine,

      Ah oui ça (me) rend folle je te rejoins là dessus ? mais comme tu dis parfois il ne faut pas chercher un sens à tout car sinon on ne s’en sort plus ! Ce que tu dis sur le faire et l’être est intéressant je trouve aussi que l’on confond souvent les deux (on dit d’ailleurs, en général, “je suis tel métier” pour présenter le métier que l’on fait / se présenter).

      Concernant l’utilité je comprend ce que tu veux dire lorsque tu dis que tu te sens utile à travers des émotions, moi-même je le ressens. Mais si une émotion peut s’avérer “utile”, ne peut-elle pas aussi être “utilisée” (voire exploitée ?) ? Et de là quelle est la frontière ? Comment se protège-t-on (d’autant plus peut-être quand on fonctionne à l’émotion ?) ? Je suis d’ailleurs en train de me renseigner sur la “marchandisation des émotions” (je ne sais pas si connais ? en gros c’est une critique d’un capitalisme qui serait devenu “affectif” et qui ne marchanderait/fabriquerait plus seulement des “produits” mais aussi des “émotions”) et je reviendrais probablement dessus dans un ou plusieurs articles car je trouve ces questions passionnantes.

      En y réfléchissant, j’ai d’ailleurs choisi comme titre de cet article “je veux me sentir utile” et non pas “je veux être utile” ou “je veux faire des choses utiles” et a posteriori je me dis que ce choix “inconscient” n’est pas si anodin. Alors pourquoi avoir parlé du “sentiment d’utilité” ? Et bien peut-être parce que parfois j’ai l’impression qu’il est manipulé “ce sentiment d’utilité”, qu’on est manipulé·e ou, en d’autres termes, qu’on essaie de nous “prendre par les sentiments” pour nous “rendre utile” (nous “utiliser” ? nous “exploiter” ?). Car la frontière entre “utilité” et “utilisation” n’est parfois pas si évidente. Alors comment se sentir utile sans pour autant se sentir utilisé·e ? L’utilité doit-il rester de l’ordre du “faire” pour ne pas glisser vers une utilité “d’être” qui risquerait de nous aliéner ? Devons-nous être utiles (nous montrer utiles ?) pour justifier de notre existence (être humain = moyen) ? Ou existons-nous tout simplement (être humain = fin) ?

      Répondre

Laisser un commentaire

J'ai envie de suivre cette discussion et d'être prévenu·e par email d'une réponse à mon commentaire.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.